LES LARMES DE SOMBREMAUX.
Préface :
La Prophétie Oubliée
« Or il advint que par une belle nuit d’automne naquit une superbe fillette à la chevelure qui endossera le lourd fardeau des ombres et perpétuera la tâche de gardienne des ombres. Cette fillette aura une destinée sombre qui la conduira à devenir le pilier et la fondatrice d’une ère nouvelle, l’ère des Ombres ». Telle est l’une des citations les plus connues de la plus ancienne des prophéties qui se transmet de génération en génération au sein du comté de Sombremaux. Nombreux sont ceux qui l’ont oubliée, peu sont ceux qui en connaissent vraiment la signification.
La légende veut qu’un beau jour naîtra une fillette reconnaissable par sa chevelure nuit aux reflets argentés possédant une marque de naissance glissant subtilement du dessus de sa hanche droite jusqu’au beau milieu de sa fesse et symbolisant la puissance ambivalente des ombres. De cette fillette au sang noble et au regard hypnotisant viendra le temps d’une ère nouvelle, celle du règne de Sombremaux… Mais nul ne sait vraiment ce qui se cache derrière cette notion de règne ni l’orientation finale de cette prophétie tant les années, les siècles et les millénaires l’ont dévisagée… Un seul élément semble vraiment perdurer, celui de son auteur, Dethoria Sombremaux, bannie du clan des Sombremaux il y a de cela cinq mille ans très exactement.
Le comté de Sombremaux est une contrée peuplée de gens de tous horizons et qui a su toujours garder sa neutralité envers les diverses factions d’Azeroth. Cette région fertile et vallonnée est dirigée depuis sa fondation environ six millénaires plus tôt, est dirigée d’une main de fer mais bienveillante. Le comte actuel est Euobius Sombremaux, descendant direct de la lignée des Sombremaux bâtisseurs du Comté. Euobius est un Elfe de Sang sage et très sûr dans ses décisions et ses idées. D’aucun ne pourrait prétendre le contraire ou même évoquer quelques moindres écarts de conduite. Il a très à cœur la direction de son état et bien être de ses sujets et perdure l’éternelle activité de Sombremaux qui est d’axer sa politique étrangère vers les services rendus aux états voisins, ce qui lui assure une réelle et durable neutralité tant auprès de la Horde que de l’Alliance.
Euobius est âgé d’environ l’équivalent de quatre-vingt six années humaines et sait pertinemment que son règne touchera bientôt à sa fin. Célibataire endurci, il n’a pas d’héritier direct et ne souhaiterait pour rien au monde voir Sombremaux partagé entre les enfants de ses frères et sœurs. Il choisi donc d’adopter et de prendre sous son aile le jeune Azhekiel afin qu’il devienne le prochain Comte de Sombremaux. Beaucoup se posent de nombreuses questions sur le fait que jamais Euobius n’ait pensé à procréer pour donner à son peuple un véritable héritier, ainsi que sur son choix pour Azhekiel que peu de personnes connaissent réellement. Une rumeur cependant va bon train depuis quelques années maintenant, plus précisément depuis l’annonce par le baron de sa volonté de confier le gouvernement à Azhekiel. Cette rumeur fait état d’un enfant que le Comte aurait eu quelques années plus tôt, l’équivalent de douze années humaines pour être exact, et que celui-ci aurait renié et caché à son peuple de peur de voir se réaliser la Prophétie.
Lorsque le Comte appris la nouvelle de ses rumeurs, lui d’ordinaire si calme et réfléchi, entra dans une rage folle et convoqua sur le champ sa garde personnelle et la milice de Sombremaux. Lors de cette assemblée extraordinaire et inhabituelle des forces de l’Ordre, il prit la ferme décision de faire arrêter sur le champ et ce jusqu’à l’investiture d’Azhekiel, toute personne mentionnant ou osant même évoquer la naissance cachée d’un enfant de Sombremaux qui de par son hérédité, serait obligatoirement nommé digne prétendant du Comté.
S’en suivirent cinq longues années qualifiées « d’années Sombres » dans le Comté de Sombremaux, dont la fin fut marquée par l’officialisation du choix d’Euobius pour Azhekiel. Certes cela n’affecta pas les relations diplomatiques et la neutralité du pays envers ses voisins, mais le peuple devint plus méfiant et la motion de censure fut mise en place, contrôlant les paroles, écrits et autres moyens de communication en place.
Chapitre premier :
Prédestinée pour les Ombres
Il y a maintenant un peu plus de dix-sept printemps humains comme se complaisent à dire les poètes, que le Comte de Sombremaux rencontra par un pur hasard la belle Sylphonia, une Elfe de Sang aux cheveux noirs à reflets bleutés, au regard perçant vert émeraude et au charisme plus qu’envoûtant. Bien que noble de haut rang et devant respecter le protocole qui en découle, Euobius ne resta pas insensible aux charmes certains de la belle, si bien qu’il décida de la visiter par une magnifique nuit printanière sans lune.
Lorsque celui-ci pénétra dans la demeure chaleureuse de sa douce Sylphonia, ce fut littéralement le coup de foudre entre eux. Sans mot dire les deux êtres s’embrassèrent tendrement dans un instant magique. Cette nuit là fut longue et tendre et fut également le théâtre d’ébats passionnés. Plusieurs nuit comme celle-ci suivirent et la belle Sylphonia cru réellement pouvoir enfin s’unir à celui qu’elle chéri.
Au fil des semaines cependant elle s’aperçut de changements important tant dans son physique que dans des habitudes. Elle su alors qu’elle était enceinte et elle fut la plus heureuse des jeunes Elfes du Comté. Etre mère et offrir à sa progéniture l’accès à la noblesse de Sombremaux, voilà quelque chose dont elle n’aurait jamais ne serait-ce qu’oser espérer ou même rêver ! Le soir même où elle comprit qu’elle allait avoir un enfant, elle annonça la grande nouvelle à Euobius.
A sa grande surprise, celui-ci ne sembla pas vraiment satisfait de la nouvelle et lui parut même plutôt embarrassé. Personne dans le comté ne connait sa relation avec Sylphonia et que risque-t-il de se passer si elle devait rejoindre la demeure de Sombremaux ? Il lui dit qu’il devait réfléchir à la situation et faire une pause dans leur relation jusqu’à ce qu’il y voit plus clair dans tout cela et qu’il trouve une solution à ce problème.
Vexée et blessée en son fort intérieur, Sylphonia acquiesça et laissa repartir l’homme de sa vie sans même croiser son regard.
Les semaines et les mois passèrent sans le la douce Elfe ne reçut de nouvelles de son aimé. La nature suivi son cours et une belle nuit hivernale, alors que l’absence de lune plongeait le Comté dans l’ombre la plus totale, naquit la petite Isaralith, belle Elfette aux traits fins. Deux beaux yeux vert émeraude grands ouverts découvrirent alors pour la première fois le monde environnant. La petite tout juste née fit un large sourire à sa mère qui passa délicatement la main sur les petits cheveux noirs comme l’ébène de l’enfant.
Quelques jours après la naissance d’Isaralith, n’ayant toujours pas de nouvelles d’Euobius, Sylphonia s’empressa d’envoyer un messager lui porter la grande nouvelle. Aucune réponse ne revint et la déception s’empara de Sylphonia.
Deux mois entiers passèrent et la vie suivait son cours dans la chaumière de Sylphonia, épaulée par son frère Thoelius et sa belle-sœur. Le bonheur semblait planer sur les cinq habitants de la petite demeure, cinq me direz-vous ? Et oui car Thoelius et Sylaniah eurent la joie d’enfanter un petit Zärhkian, de douze ans l’aîné d’Isaralith. Les deux enfants sont comme frères et sœurs tellement Zärhkian apprécies la jolie Isaralith.
Quelques semaines plus tard, ayant envie de s’offrir une soirée de détente, Sylphonia, son frère et sa belle-sœur confièrent leurs enfants à Mahtnéa leur voisine et amie pour la nuit. C’est alors qu’au beau milieu de cette nuit qui avait pourtant si bien commencé par des chants et autres évocations de lointains souvenirs heureux, cinq hommes armés firent irruption dans la maison. Les trois Elfes apeurés furent encerclés et tenus en respect par les cinq assaillants à l’air si menaçant. Une silhouette se dessina alors près de la porte d’entrée et Isaralith reconnu aussitôt Euobius qu’elle ne manqua pas d’interpeller.
Celui-ci ne dit mot et approcha du cercle. Il releva la tête et regarda directement Sylphonia dans les yeux. Les seules paroles qu’il prononça furent « désolé mais je n’ai pas d’autre choix ». Il fit alors un geste de la main et un massacre sanglant suivi, laissant les trois Elfes baignant dans leur sang.
Le lendemain matin, la gentille voisine revint, Isaralith dans les bras et Zärhkian courant devant elle. Le petit s’arrêta net devant la porte entrebâillée et hurla en tombant sur le sol de désespoir. Etant arrivée à sa hauteur, Mahtnéa vit alors la terrible scène et attrapa immédiatement Zärhkian et emmena les enfants rapidement chez elle. Mais il était trop tard pour sauver de ce cauchemar la vision d’Isaralith dont la chevelure ébène s’assombri d’avantage.
Ayant compris ce qui se tramait, Mahtnéa prépara les enfants afin de les envoyer vers son oncle le plus vite possible, sur l’île de Haut-Soleil. C’est à ce moment là, en changeant la couche d’Isaralith, qu’elle aperçut une marque noire qui prenait forme le long de la hanche de la petite…
Chapitre deux :
Une Enfance Assombrie
Deux longs mois de voyages furent nécessaires pour acheminer les enfants jusque sur l’île de Haut-Soleil. Mais le temps manquant à l’oncle chéri de Mahtnéa, il ne garda auprès de lui que Zärhkian et laissa Isaralith auprès d’un de ses confrères au sein de Fossoyeuse. Même pas un an d’existence et déjà séparée de toutes les personnes qu’elle aime, la vie de la petite Isaralith ne commençait vraiment pas du bon pied.
Une fois arrivée à Fossoyeuse, La petite fut confiée à un pensionnat de jeunes filles où elle ne fut pas vraiment parmi les mieux traitées. Son charisme naturel fut à chaque instant l’objet de convoitises et de jalousies de la part des autres, sans compter que l’établissement était plutôt mal tenu par des propriétaires plus intéressés par se remplir les poches et faire leur propre bonheur que de faire celui des pauvres petits qu’ils recueillent !
Elle ne fut pas vraiment consciente de tout cela jusqu’à son sixième anniversaire, mais depuis lors elle s’est réfugiée dans les livres et l’Ombre de la bibliothèque. Elève fort studieuse, elle resta toujours très réservée par rapports aux autres pensionnaires et au personnel et ne sortit qu’à de très rares occasions du pensionnat.
Elle développa une passion inégalée pour les sciences occultes et la magie dont elle dévore avec passion les différents tomes présents dans les rayons de la bibliothèque. La petite fit également quelques tentatives pour s’essayer à la magie en secret dans les sombres recoins des plus vieux bâtiments du pensionnat, mais sans grand succès apparent, du moins pour ce qu’elle voulu bien révéler !
Pour son Dixième anniversaire, elle reçut un bien étrange paquet contenant pas moins de cinq vieux grimoires et un morceau de parchemin chiffonné sur lequel était griffonné « Pour que ton avenir soit profitable… Et qu’advienne ce qui te revient de droit… M… » La signature n’était pas lisible et seul la lettre M était vraiment reconnaissable.
Le petite fut très surprise de recevoir un paquet en son nom elle qui se croyait si seule au monde. Un rayon de bonheur pour elle semblait entrer dans sa vie. Nul ne vit ce que contenait réellement ces grimoires et bien heureusement ! Ils n’étaient autres que des livres de formation aux sciences de l’Ombre et aux convocations de démons et autres forces démoniaques, des ouvrages interdits en Azeroth et surtout absolument pas destinés à une fillette de dix ans tout juste !
C’est alors que la jeune fille, commença seule son long apprentissage des arts démoniaques et magiques et encore plus recluse dans sa chambre que jamais. Sa formation autodidacte lui donna son grand sens de l’initiative et lui appris à faire de nombreuses choses par elle-même.
Malgré tous ces moments seule dans son coin à étudier et à ignorer les autres, elle développa néanmoins un réel sens de la compassion pour les autres et l’entraide était quelque chose de naturel chez elle, surement un trait de caractère issu de sa chère défunte mère. Bien entendu elle cacha ce côté d’elle à tout le monde tant qu’elle fut au pensionnat, se concentrant au maximum à ses tâches quotidiennes et à son apprentissage secret.
Chapitre trois :
Un Etrange Rêve
La nuit de ses quatorze printemps, Isaralith se réveilla inhabituellement en pleine nuit, en sursaut. Lorsqu’elle ouvrir les yeux, elle vit que l’ombre avait totalement envahi la pièce et qu’une forme semblait approcher et se distinguer, une forme à la fois effrayante que rassurante.
La petite se mit en position fœtale, blottie contre ses oreillers et tremblante. C’est alors qu’une douce voix se fit entendre.
« Isaralith n’ait pas peur de moi, laisse moi te guider et te montrer la voix. »
« Mais… Mais qui êtes-vous ? » répondit timidement en balbutiant la petite fillette apeurée.
« Je suis celle dont tu n’as qu’un vague souvenir, celle qui t’a donné la vie »
« Maman ! Mais comment est-ce possible ? Pourquoi tu es morte, Qui a fait çà ? »
« Chaque réponse se trouve au plus profond de toi mon enfant, et chacune d’elle viendra au moment voulu. Pour l’heure je dois faire vite car le temps m’est compté et je dois de transmettre des informations de la plus haute importance. Ecoutes moi attentivement.»
« Oui je t’écoutes ».
« Tu te destines à être une grande démoniste, et je suis fière de Toi. Tu es l’objet de la prophétie oubliée de Sombremaux et ton pouvoir sera grand. »
« La Prophétie ? C’est quoi ? »
« Je ne peux pas t’en dire plus… Je reviendrais te visiter de temps à autres mais pour l’heure sache que pour ton dix-septième anniversaire tu devras partir pour l’île de Haut-Soleil et y retrouvera Zärhkian, ton cousin, celui qui te chéri plus que tout au monde et que tu peux considérer comme ton frère, ta seule véritable famille. Entre vous la confiance la plus totale pourra naître… Il n’en sait pas plus que toi mais au moment voulu vous serez informés.»
« Je ne comprends pas tout Maman »
« Tu comprendras au fil du temps. Cesses de m’interrompre s’il te plait ma douce. Profites des trois prochaines années ici pour continuer ton apprentissage dans les livres mais également pour développer des talents dans le minage de minerais et dans la fabrication d’objets divers qui te seront utiles dans les dures taches qui t’attendent.»
« Mais qu’est ce qui m’attend ? »
« Il se fait tard ma belle, je dois partir, n’oublies pas que je t’aimes et que je suis toujours près de toi dans ton cœur ».
« Maman attend, non ! »
La silhouette de l’Elfe de Sang disparu avec toutes les traces d’Ombres laissant place à la lumière diffuse de la vieille lampe à pétrole traînant sur le chevet et qu’Isaralith n’avait pas éteinte, s’étant endormie sur son lit, livre ouvert sur l’oreiller.
