Zanatho

Zanatho Ragetotem. Un fier tauren au passé si lourd.

Zanatho entra dans sa chambre. Là, l'attendait une vue des quais avec pour fond les reflets de la lune dans le vagues.

L'imposant tauren se défit de son barda et posa délicatement ses épaulières au pied de son lit. Dans ses acrobaties en vue de détacher son plastron, la tête du géant heurta la poutre de la mansarde.

"Bougre d'andouille de gobelin !
A-t-on idée de refiler une chambre pareille à un gars comme moi ?
Je vais lui montrer moi ce que..."

Zanatho se tu soudainement, puis tenta de se calmer. Il souffla un grand coup comme pour sortir sa colère. Après tout, ce serait peut-être la dernière fois qu'il aurait à s'accommoder d'une telle situation. Les paroles de la jeune trolle vêtue de noir avaient fait leur chemin dans sa tête. Quand on y pensait bien, la situation que lui proposaient les pirates n'était pas si loin de ce qu'il recherchait. La liberté, l'action, l'or...

La grande vie en fin de compte.

Zanatho passa ses mains sur ses bras lacérés de cicatrices puis, il se posa sur le lit. Alors qu'il s'asseyait, on pu entendre le bois du meuble se torde et craquer. Mais ces sons ne parvinrent pas aux oreilles du tauren. Alors qu'il tenait en main sa patte de lapin, porte bonheur qui ne le quittait jamais, il plongea dans ses souvenirs embrumés. Un temps ou son pelage était encore bien régulier.

Il porta une main à son visage, parcourant la balafre qui scionnait le flanc de sa figure, chevauchant un oeil qu'il avait bien faillit perdre ce jour la.

Le tauren repensa à sa jeunesse, le jour où il s'était porté volontaire pour le poste de garde de ThunderBluff. L'approbation de son clan, la première fois qu'il avait touché une arme. L'apprentissage des techniques de combat ancestrales.

Puis l’ennui, les journées à guetter les problèmes, à espérer un litige, une bagarre quelque chose qui l'aurait fait agir, se battre. Car c'est bien cela qui faisait vivre Zanatho, la recherche de l'aventure, du combat.

Sa mère, du clan WinterHoof avait bien tenté de l'initié à l'art de la culture mais malgré son intérêt certain pour les plantes, le sang de son père avait prit le dessus. Il avait à présent besoin d'action, une chose que la paix de ThunderBluff ne lui offrait pas. Il connaissait les harpies et leur fragilité, il avait combattu fièrement les hurans lors de leurs incursions et repoussé bien d'autres menaces en Mulgore. Cela n'apaisait cependant pas sa soif de victoire.

Le tauren avait alors penser à déserter, à quitter son poste et ne plus jamais revenir. Il avait décidé de laisser père et mère derrière lui et de tracer la route en quête de gloire.

Du chemin, il en avait parcouru avant d'atterrir à Ratchet et pas des moindres. Devenu mercenaire, il avait travaillé pour tous, de l'orc au troll, tuant tantôt pour la Horde, tantôt pour l'Alliance. L'or...voila ce qui était devenu sa langue maternelle.

Zanatho ne se rappelait plus tellement le moment où le besoin de combattre avait fait place au besoin de s'enrichir. Il se rappelait juste avoir parfois rêvé de gloire. Mais qu'était la gloire si la fortune n'accompagnait pas le personnage. Le jeune tauren fougueux s'était peu à peu transformé au fil des cicatrices en un personnage aguerrit, une machine à tuer dont la soif d'or n'avait plus de fin. Pourquoi se soucier que la mission soit juste ou pas, tant que la récompense l'attendait au bout...

Le colosse avait pourtant gardé une franche marque de son service militaire. Aussi, il continuait de saluer de façon martiale. De même, malgré son avidité, il gardait une certaine notion de l'honneur, refusant des tâches profondément monstrueuses ou totalement contres ses idées.
Une profonde fierté le poussait aussi à toujours se remettre en question, à ne jamais se reposer sur ses acquis.

Une règle surplombait le tout, il s'était juré de ne tuer que des combattants. Ceux qui désiraient rester sur le cotés, restaient sur le coté.

Il était à présent à Ratchet, attendant de rencontrer le dénommé Liane que la trolle lui avait conseillé de contacter. Il était décidé à accepter l'offre d'embauche qu'on lui avait exposé, mais il ne le ferait pas à n'importe quelles conditions, ni à n'importe quel prix. S'il n'obtenait pas ce qu'il voulait, il passerait son chemin et continuerait sa route.

Zanatho se laissa tomber en arrière, faisant craquer le lit sous son poids. Il joua quelques instants avec sa patte de lapin dans ses doigts avant de s'endormir la main posée sur sa hache.

L'avenir lui réservait-il encore des surprises ?

Non, il avait refusé l'offre du tauren, faire des courbettes et nettoyer le pont, ce n'était pas pour lui. Il souriait encore et se demandait ce qui avait bien pu lui passer dans la tête de croire qu'il serait mieux accompagné que seul.

Non, il ne soumettrait à personne. Cela ferait bientôt 14 ans qu'il parcourait Azeroth, et jamais il n'était resté au même endroit aussi longtemps. Le doute l'envahit.

Devenait-il faible ?

Non !

Un fils Ragetotem ne pouvait être faible, il continuerait de se battre et faire couler le sang. Comme il l'avait toujours fait. C'était son métier, sa vie en fin de compte.

Mais cette gamine...

Zanatho avait fait mine de ne pas vouloir lui parler, de l'éviter mais plus il la voyait et plus son coeur le faisait souffrir. Cette petite représentait ce que lui aussi avait eu à une période de sa vie. Puis, la vie, cruelle, lui avait enlevé.

Le tauren marmonna deux noms à consonance orc.

"Kina, Mallah..."

"Pauvre sot" se dit-il. Jamais elles ne reviendraient, et cette fillette n'était pas celle qu'il avait serrée contre son coeur avant que les combats ne le lui durcissent. Malgré tous ces faits l'écartant d'elle, il ne pouvait s'empêcher de vouloir lui parler, de l'approcher. Il avait finalement décidé de partir. Partir loin de ce qui selon lui causerait sa perte.

Mais des problèmes étaient survenus, de gros problèmes et même si personne n'avait demandé son aide, sans trop savoir pourquoi, il avait voulu la donner. Il ne les laisserait pas lui faire de mal.

...

Malgré ses efforts, la petite avait disparue, enlevée par ces lâches sans honneur. Une chose s'était produite à ce moment, une chose qu'il n'aurait pas cru possible. Le tauren aurait voulu s'enfuir, s'échapper de la chose qui se refermait sur lui. Son coeur le tirait inexorablement vers elle, cela lui était tellement étranger que Zanatho mit du temps avant de s'en rendre réellement compte.

Il avait peur...

Non ! Pas de peur dans un coeur de pierre.

...

Zanatho était partit avec ces inconnus, des gens qu'il connaissait à peine, mais cela n'avait pas d'importance, il fallait qu'ils la retrouvent.

Il parcourait a présent les étendues de Désolace au coté de ce tauren, quelque chose d'étrange émanait de lui, quelque chose que le mercenaire n'aimait pas. Il lui avait demandé à plusieurs reprises s'il était prêt à faire des sacrifices. La réponse avait toujours été l'affirmative. Même si les insinuations de ce curieux personnage avaient le don de l'irriter, il le suivrait.

...

Ils l'avaient retrouvée !

Elle était mal, très mal, à un tel point que le fier du clan Ragetotem n'avait pu la regarder plus de quelques secondes avant de détourner le regard de cette scène lui rappelant de vielles cicatrices invisibles. Elle allait perdre la vie. Aucunes question ne s'était posée alors, Zanatho avait saisit la petite dans ses bras et ils s'étaient tous mis à courir vers l'avant poste le plus proche. Toujours incapable de regarder la petite, il la serrait à présent dans ses bras, tremblant. Il avait prié pour que personne ne remarque sa faiblesse et sa demande avait été acceptée.

La petite mise hors de cause, restait la jeune Kareysha. Tout s'était précipité, non, il ne la laisserait pas non plus. Les insinuations de l'autres devenaient agaçantes et ses questions graves ne laissaient rien de bon à présager...

Sa tête, sa tête le faisait souffrir.

Il ne savait pas vraiment ce qui lui était arrivé. D'un pas lourd, titubant il arriva à l'auberge de Ratchet, du sang inondait sa tempe. Il se souvenait des forets de Feralas, oui, ses arbres et puis, un orc.

Raynor !

Il avait parcouru la foret avec un autre...ou peut-être seul...

Ses pensées se mélangèrent. Arrivé à l'auberge, il tomba à genoux. Puis, poussé par on ne sait quelle force, il avait voulu s'assurer que la petite était bien arrivée. L'auberge était peuplée de visages inconnus, qui le regardaient, comme des vautours autour d'un animal mourant. Zanatho lâcha un râle et se remit sur pieds.

Où était-elle ?

Aidé par un inconnu, il finit par être soulagé, Karminaa était allongée sur un lit, des soigneurs étaient à l'oeuvre. Sa tête le fit de nouveau souffrir.
Dans une grimace il voulu partir, mais une poigne massive vint saisir son bras. Un tauren en chemise bleue dont il ne connaissait pas le nom le fixait d'un regard inquiet. Il voulu paraître fort mais la douleur le ramena vite à la réalité.

...

Zanatho avait été forcé de s'assoire, adossé au mur dans un coin de l'auberge, il fixait les vas et viens d'un air agar. Il se sentait faible, très faible. Alors qu'il sentait le sommeil l'envahir, il glissa lentement sur le flanc, ses yeux se fermèrent.

S'il paru mort au premier coup d'oeil, son esprit continuait de se contorsionner.

Zanatho reprit connaissance, il se redressa et jeta un oeil autour de lui...

Une colline, une petite colline bercée par le vent et les parfums de fleurs fraîchement épanouies. Tout autour, des arbres et des praires dont les brins d'herbes ondulaient sous la brise. Un sentiment de "déjà vu" vint soudain le frapper.

Certain de ce qu'il y verrait, il baissa les yeux et examina le fond de la valée.

En contrebas, une petite hutte dont le style bien définit ne laissait plus aucuns doutes au guerrier.

Il ferma les yeux.

"Non, pas ça...

Une petite voix le fit sursauté.

-Pas quoi papa ?"

Zanatho se retourna sans être sure qu'il voulait vraiment savoir d'où venaient ces mots.

Toujours couchée dans l'herbe, une fillette à la peau verte le regardait de ses grands yeux couleur océan. Ses cheveux d'un noir légèrement bleutés étaient comme à l'habitude ramenés en deux petites couettes, les empêchant de masquer un visage aux traits malicieux.

Il la fixa quelques secondes, silencieux, sûre que ce qu'il voyait ne pouvait pas être réel.

Il ne se souvenait pas bien de ce qui s'était passé, il s'était sentit partir, peut-être la terre mère lui avait-elle offerte cette scène, peut-être finalement était-il mort...

Mais bientôt plus rien de tout ça n'eu d'importance. La fillette était débout à présent et continuait de fixer le colosse d'un regard qui trahissait a présent son malaise.

"J'ai fais quelque chose de mal ?

Zanatho ne voulu pas répondre, puis abandonna sa lutte contre lui même.

-Non ma puce, tu n'as rien fais, c'est...c'est moi...

Il observa méfiant la réaction de la gamine.

-Y'a un problème ?
-Non, pas de problème Kina..."

La petite tendu les bras vers Zanatho qui se ne remettait toujours pas de ce qu'il venait de dire. Il la prit dans ses bras et la serra fort contre lui. Mais ce ne pouvait être pas réel...

Il se tourna vers le bas de la vallée, une légère fumée s'échappait de la petite baraque faite de toiles blanches.

"Maman doit nous attendre. Dit-elle.
-oui, rentrons."

La petite posée sur son épaule, Le tauren descendit la pente doucement.

"Plus vite papa !
-Plus vite ?
-oui, fait moi voler !"

Soudain, Zanatho se souvint.

"Prête à décoller ?! S'exclama-t-il.
-prête !
-C'est partit !"

Il saisit la fillette par la taille et la tendit vers le ciel. C'est alors qu'il se mit à courir vers la maison les bras tendu. Leurs éclats de rire commencèrent à raisonner dans les environs. Au loin, à coté de l'entrée de la hutte, une personne les observait de loin. Plus ils s'approchaient et plus le rire du mercenaire diminuait.

Mallah...

Elle les observait dévaler la colline dans sa direction, un large sourire marquait sont visage d'une douceur maternelle rare chez les orcs.

Ils arrivèrent aux abords de la maison. Zanatho ralentit et posa la fillette au sol.

"Tu as vu maman ?!
-oui Kina, un rien plus haut et tu ne serais jamais redescendue !"

La petite éclatât de rire et couru à l'intérieur. En face de l'orc, Zanatho se tenait à distance, l'observant en silence. N'osant rien dire. Elle s'avança lentement, il recula. Le visage de Mallah se durcit, elle avança de nouveau, il demeura sur place.

Zanatho lutta contre lui-même, il savait que tout cela était impossible. Non. Peut-être était-ce un cadeau des esprits. Oui, un cadeau pour être mort pour une bonne cause.

"Que se passe-t-il dans ta tête Zanatho ? Demanda-t-elle.
-Ca ne peut être vrai...
-de quoi parles-tu ?

Après un moment de silence, Le tauren ouvrit de nouveau la bouche sous le poids du regard de sa compagne.

-Tu es si belle...

L'orc fit un pas en arrière, ses joues se teintèrent.

-Tu es un idiot !"

Elle s'approcha encore finalement et posa sa main sur la joue du tauren.

"Tu trembles. Commenta-t-elle.
-Ce n'est rien..."

Le guerrier retira la main de son visage et fixa le sol. L'orc ne rajouta rien et préféra changer de sujet pour ne pas le mettre mal à l'aise.

"Le repas est prêt.
-J'arrive tout de suite."

Alors que sa femme rentrait, il la devança et pénétra dans leur chambre. Il y ouvrit un coffre cadenassé et en sortit deux épées. Si cela devait se reproduire... non, cela ne se reproduirait pas.

Il entra dans la salle principale, une table aux plats fumants, dont il connaissait déjà le contenu, l'attendaient. Il posa ses armes à l'entrée de la pièce et alla s'assoire. Sous le regard interrogateur de Mallah, il affirma que ce n'était que pour les nettoyer après le repas. Un mensonge qui poussa l'orc dans un état d'inquiétude vu l'apparence impeccable de l'équipement. Ils mangèrent, puis, quand le repas fut terminé et la petite ressortie, sa compagne le fixa à nouveau d'un regard qui en disait long sur la crédulité accordée à ses propos.

"Que se passe-t-il Zanatho ? Des problèmes sont à attendre cette nuit ?
-Rien de grave, rassures-toi.
-Tu penses me faire croire ça ?
-Il n'y à rien craindre."

L'orc lâcha un soupir face aux paroles du tauren, elle n'en croyait pas un mot. Les pensées de Zanatho se mélangèrent à nouveau. Etait-ce réel ? Il avait bien senti la fillette contre lui, de même la caresse de Mallah l'avait fait frémir. Il savait ce qui allait se passer. Il devait lui dire...

"Mallah...
-Quoi ? dit-elle d'un ton grincheux.
-Si je te disais que je sais ce qui va arriver cette nuit, chaque seconde, chaque acte, me croirais-tu ?
-Que veut-tu dire ?
-Me croirais-tu ?
-Je...oui, pourquoi ne le ferais-je pas ?
-Bien, écoutes moi. Si nous ne faisons rien, cette nuit, des gens viendront, ils prétexteront vouloir demander leur chemin. Quand tu te retourneras pour me demander de venir, une dague se posera sur ta gorge. La suite est horrible...
Je sais que tout cela doit te paraître fou, mais j'ai déjà vécu cette journée.
-Je ne comprends pas ce que tu me racontes.
La compréhension n'est pas importante Mallah. Tu vas faire ce que je te dis, prends un sac, on y mettra tes affaires et celles de la petite. Nous partirons pour ThunderBluff avant qu'ils n'arrivent.

L'orc s'était exécutée. Non pas par obéissance ni contrainte. Elle avait vu cette lueur dans les yeux de son compagnon. La peur, le désespoir, quelque chose que jamais elle n'avait pu observer chez le tauren.

Il n'avait pas pu aller plus loin dans son explication, son visage s'était alors tordu dans une grimace de dégoût, impossible de raconter la suite. Et bien que Zanatho fut fort et peu ouvert aux sentiments, Mallah avait pu lire en lui, si elle ne l'avait pas cru au commencement, plus de doutes ne la ferait changer d'avis sur cette histoire aussi incroyable soit-elle.

Leurs affaires étaient prêtent, Mallah enfila une tenue de cuir tandis que Zanatho, ses deux épées rangées à sa ceinture jeta le gros sac en toile par dessus son épaule. Kina était rentrée se préparer pour une "promenade" quand sa mère l'avait appelée. Toutes deux étaient à présent prêtes à partir.

Il n'y avait pas de temps à perdre, Zanatho se dirigea vers la porte puis s'arrêta net. Des bruits de pas, quelqu'un arrivait. Leurs rires, Le tauren se maudit, il avait trop tardé, beaucoup trop. Il se tourna vers sa femme et sa fille, le regard rempli de peur et laissa glisser le sac au sol.

Une voix retentit dehors, au dessus des ricanements dont le tauren ne pouvait que trop bien se souvenir.

"Y a-t-il quelqu'un ? Nous sommes perdus, il nous faudrait de l'aide pour lire notre carte."

Mallah fixa Zanatho, se rappelant de ce qu'il lui avait dit peu de temps avant. Elle serra sa fille contre elle d'une main et se saisit d'un couteau de l'autre. La fillette voulu demander ce qu'il se passait mais se ravisa quand elle aperçu le doigt que le tauren venait de poser sur sa bouche.
Les brigands parlèrent un peut, reformulèrent leur appel plusieurs fois. Puis, les bruits s'éloignèrent lentement.

Le guerrier sentit une goutte de sueur descendre le long de son front. Quand le silence réapparut, il fit signe de rester la à sa femme puis tenta une sortie discrète.

Il avança doucement, sur ses gardes. Personne, il n'y avait personne. Le tauren fit un léger signe de la main pour faire approcher sa famille. Le mercenaire examina les alentours. Où étaient-ils donc passés ?

La douleur, la douleur bondit dans le bras du tauren. Un sifflement, un son qu'il connaissait bien pourtant l'avait surprit. Alors qu'une grimace marquait son visage il examina son bras pour se rendre compte qu'une flèche venait de s'y figer. Le mercenaire n'u pas le temps crier à sa famille de fuir qu'un duo de projectiles acérés vint percer sa peau. Criblé de deux flèches dans le torse, sa respiration se raccourcit et devient douloureuse.

Zanatho tomba à genoux. La vision de Mallah et Kina, restée sur le pas de la porte, leur visage déformé par la terreur lui donna la force de se redresser. Il ne partirait pas comme ça, non, cette fois-ci il mourrait en les défendant.

Une voix qu'il connaissait bien éclatât dans son dos, Alors que d'autres approchaient.

"Alors, on offre pas son hospitalité aux voyageurs égarés ?"

Ce ton et cette voix, le guerrier s'en souvenait aussi, il n'eu pas besoin de se retourner pour savoir à qui ils appartenaient. Un troll au visage masqué d'un morceau de tissu ne laissant paraître que son regard fourbe et vicieux. Ce même troll qu'il avait déjà combattu, qu'il avait tué. Celui qui prendrait un tel plaisir à torturer la petite, qu'il tuerait enfin sous les yeux du tauren. Celui qui ferait subir avec l'aide de ses hommes des choses encore pires à Mallah.

La rage monta à l'intérieur de Zanatho, ses muscles se tendirent, non, cela n'arriverait pas.

Il ouvrit encore la bouche.

"Alors gros tas, tu as perdus ta langue ?"

Zanatho resta muet, tentant de reprendre son souffle coupé tout en examinant ceux qui se rassemblaient pour l'encercler. Parmi eux, un orc arriva, un arc à la main, qu'il tapota un sourire aux lèvres.

Un cri retentit, des mains vertes venaient de se refermer sur le bras de Mallah. Ce fut le signal qui déclencha les actions du mercenaire. D'un geste il dégaina ses deux épées et fonça droit devant lui. Une marée de lames vint lacérer à nouveau sa peau comme la première fois. Cette fois Zanatho ne s'effondrerait pas, il n'assisterait pas au massacre de la petite et au viol de sa bien aimée. Ces horribles personnes, ces monstres paieraient. Dans un hurlement de rage, il tailla l'air et traversa la rangée d'assaillants. Trois d'entre eux s'effondrèrent alors qu'il se retournait. De larges entailles scionnaient le poil du tauren, le sang inonda sa peau.

Un fils Ragetotem ne tomberait pas aussi facilement. Pétrifiés devant le spectacle, les autres s'étaient figés. Le sourire qu'on l'on pouvait deviner sous le masque du troll s'était effacé pour laisser place à un air de surprise. Le tauren souffla fortement par les narines de colère et jeta un oeil vers les deux orcs qui tenaient encore sa famille de leurs mains sales.

Le colosse ne réfléchit pas plus longtemps, il chargea vers les deux lâches. Une flèche, une de plus se figea dans son épaule. Dans une moue de douleur il leva son épée et l'abattit. Le premier, le premier était tombé lâchant sa prise sur le bras de Mallah. Le deuxième plus vif venait d'enfoncer son épée dans le ventre du tauren. Il lâcha un soupir comme pour expirer la douleur puis dégagea l'orc d'un coup de sabot. Enfin, il se plaça devant sa femme et sa fille et les poussa à l'intérieur de la maison.

Un nouveau pic de douleur pointait son flanc, il balaya la flèche d'un revers de main et fit volte-face. Son souffle, de plus en plus court, il ne pouvait le reprendre. Il secoua la tête comme pour chasser ces pensées. Il n'en restait que quatre. Des formes floues devant ses yeux embrumés. Un liquide rouge tombait goutte à goutte au sol. Il devait vite en finir. Il hurla à nouveau comme pour être sûre que les autres concentre leur attention sur lui et chargea encore, les monstres devant lui abattirent ensembles leurs armes.

Il venait encore de traverser la ligne, deux étaient tombés. L'orc avec son arc ne souriait plus, étendu au sol. Nombres de lignes rouges venaient encore d'apparaître sur le corps de Guerrier. Une toux lui fit cracher un long filet de sang. Sa vue se faisait de moins en moins nette. Il fit quelques pas en titubant vers le troll masqué et le dernier qui restait puis tomba à genoux. Son regard se posa soudainement sur un objet long planté dans sa cuisse, une dague. Il l'ôta et redressa les yeux. Les lâches avaient disparus.

A l'intérieur, les cris de Kina et Mallah se mêlèrent dans un hurlement d'horreur.

Zanatho puisa dans les dernières forces qui lui restaient et se redressa. Il avança lentement vers la porte, laissant de longues traces rouges à son passage.

"Non..."

A l'intérieur, au sol, deux corps ensanglantés gisaient, inertes. Personne d'autre dans la maison, les monstres s'étaient volatilisés. Cela n'était pas possible, une seule sortie, ils avaient dus forcément passer par lui. Le tauren bondit de rage et fouilla la maison entièrement, il les trouverait.

Vide, la maison était vide. Sentant ses forces le quitter, il retourna dans la salle de séjour. Il tomba une dernière fois à genoux devant les dépouilles des deux seules personnes auxquelles il avait jamais vraiment tenu. Malgré la seconde chance que les esprits lui avaient offerte, il avait a nouveau échoué. Mais pas tout à fait, il sentait sa vie le quitter. Un sourire vint marquer son visage, il les rejoindrait bientôt toutes les deux.

La question était "où ?". Pouvait-on mourir une deuxième fois ? Que se passerait-il ?

Mais bientôt, les questions s'estompèrent face à quelque chose de plus important.

Dehors, on criait son nom dehors. La voix de sa femme l'appelait. Bien que cela soit incroyable, cela n'avait plus d'importance, une lumière inondait la porte d'entrée rendant incapable de distinguer l'extérieur.

Zanatho se traîna lentement vers la sortie alors que son nom était crié de plus en plus fort. Il jeta un dernier regard vers les deux dépouilles.

La lumière l'engloutit...

Ses yeux s'ouvrirent, il faisait très sombre. Il mit du temps à s'habituer à la noirceur des lieux. Autour de lui des personnes s'affairaient. Il ne comprenait rien, un goût horrible dans la bouche, il se redressa d'un coup pour cracher une pâte nauséabonde qu'on venait de lui fourrer dans la bouche.

Il y avait trop d'agitation à l'auberge pour que le tauren comprenne quoi que ce soit. Le guerrier comprit tout de même une chose en apercevant Kareysha saine et sauve, des voix familières raisonnaient douloureusement dans sa tête.

Une seule surplomba le reste, tout commença à se remettre en place dans le crâne de Zanatho.

C'était bien lui... ce tauren qui l'avait trahi, les forets de Feralas, la pique empoisonnée. Malgré la douleur, il se leva puis, s'arrêta quelques secondes. Sa peau, couverte de cicatrices, ne saignait plus. Les flèches avaient disparues.

Le guerrier soupira en se rendant compte que tout ce qu'il venait de vivre n'était pas plus réel qu'un rêve.

La voix dérangeante était toujours dans la salle, il était là, en face de lui devant la porte ouverte de la cave. Il le fixait. Comment osait-il le regarder après ce qu'il venait de lui faire subir ?

Zanatho serra la poing et l'envoya dans la face du traître avec tout la force qu'il pu trouver. L'autre encaissa le coup, dévala les marches menant à la cave dans un bruit assourdissant et tomba lourdement au fond.

Zanatho réfléchit quelques instants, resta sur place, puis décida de sortir prendre l'air. Sa tête le faisait toujours souffrir. Mais plus que sa tête, son âme se tordait de douleur. Le mercenaire aurait préféré mourir que de revivre de telles scènes. Tant de douleur qui l'avait changé autre fois.

Il était passé du jeune tauren au tueur avide de vengeance. Mais il comprenait à présent qu'au fond de lui, s'il avait cherché le combat c'était plus pour tenter de prouver qu'il méritait d'être en vie que pour toute autre chose. Il se souvenait de toutes ses images horribles. La mort de celles qu'il chérissait.

Il décida de faire plaisir à ceux qui l'entouraient, il rentra chez lui prétextant prendre du repos. Mais il ne trouva pas sommeil.

Tout ce qu'il trouva ne fut que peine et déception.

Déception d'avoir échoué dans la tâche qu'il s'était juré de réussir si jamais une telle faveur lui était accordée. Peur de ne jamais pouvoir racheter sa défaillance d'autre fois.

Devant son échec il demeurait sans but, sans espoir.

Sans vie en fin compte...

Les semaines étaient passées, les évènements graves ou pas, sans que Zanatho ne puisse vraiment faire quelque chose.

Tout avait défilé, le laissant en dehors. Il aurait voulu aider, faire de grandes choses. Mais cela lui était incapable.

La mort de raynor, ses autres affaires. Tout l'avait laissé sur place.

Le tauren n'arrivait plus à dormir. Ces maux de tête, ils lui fendaient le crâne comme on fendrait une courge avec un couperet. Cette douleur incessante. L'empêchant de se concentrer réellement. Son sommeil devenu impossible par les visons d'horreur lui revenant sans cesse dès qu'il tentait de fermer l'oeil.

Il, avait déjà connu ça. Une période sombre de sa vie de guerrier. Lorsqu'il n'était pas encore le mercenaire et plus tout à fait non plus le fidèle serviteur de Cairne. Ils avaient été retrouvés, lui et mallah, au seuil de la mort dans les cendres de leur maison. Les soigneur de la trouve passant par la n'avait rien pu faire pour la petite. Mais eux deux avaient étés sauvés.

Mais sauvé de quoi, était-ce vraiment mieux ?

Seuls, ils erraient dans la capitale de Thunderbluff, rien ne leur ramènerait jamais leur fille. Mallah, défigurée et autant blessée dans sa chaire que dans son âme, ne parviendrait pas à s'en remettre. Après avoir survécu aux groupes de tueurs elle se donnerait la mort en sautant du haut des cimes. Elle irait rejoindre sa fille et l'attendrait.

Seul, il était tout seul...

Bien vite, la tristesse fit place à autre chose, quelque chose qui ne le laisserait pas fléchir. Et alors que son sommeil lui était impossible à cause des mêmes visions qui le frappaient aujourd’hui ainsi que son dégoût de lui-même face à son échec, la haine grimpa dans les veines de Zanatho.
Quelque chose de fort, comme il ne l'avait jamais sentit au par avant.

Pourquoi ces bons à rien de druides ne voulaient-il pas ressusciter sa bien aimée sous prétexte qu'elle ne le voulait pas ?

Comment pouvaient-il choisir à sa place ?

Pourquoi aucunes chasses n'avaient été lancées derrière les monstres qui avaient détruit leur vie ?

Devant son état, on lui avait même retiré le commandement de ses braves. Prétextant qu'il était trop tôt pour retourner au combat. Toutes ces questions et ces affronts ne firent que décupler ce qui sommeillait au fond de lui.

Une telle rage...

Au fils des jours Zanatho s'assombrit, sont coeur se durcit. Ses sentiments l'avaient fait tomber a genoux face a sa famille prise en otage. Cela n'arriverait plus jamais. Les dernières émotions qui lui restaient quittèrent le corps du fils Ragetotem. Sa mère ne le reconnaissait plus, la crainte se lisait dans ses yeux. Elle avait été jusqu'à essayer de lui faire boire une de ses fameuses potions pendant son sommeil. Elle aussi l'avait trahit.

Devant l'abandon par son peuple et sa haine qui ne cessait de grandir face à ses semblables qui continuaient tous leur petite vie sans rien tenter pour faire payer ceux qui le méritaient, Il prit une décision.

Le fils Ragetotem partirait, il devait les venger. Alors que la lune baignait les cimes venteuses, il endossa l'armure de son père, mort pendant la guerre et prit la route. Le colosse dans son armure foncée aux dorures ouvragées déposa une de ses épaulières de garde des cimes sur le pas de la porte de la salle d'entraînement. Ils comprendraient... ou plutôt non, il ne comprendraient pas mais sauraient ce que cela représentait.

Zanatho, chef de chasse émérite, venait de disparaître dans un monde régit par la colère...

Un étranglement, il étouffe. Plaqué au mur, ses pieds battent le sol frénétiquement. Ses yeux perdrent leurs repères, il tente de crier mais ne peut que cracher une gerbe de sang. Une noyade aux tons écarlates.

Zanatho retira lentement l'épée de la gorge de l'orc. La dépouille s'effondra sur elle même dans la marre de sang se trouvant à ses pieds.

La ruelle était sombre, trop sombre pour qu'on puisse distinguer ce qui s'y passait de la rue principale. Et ce crétin l'avait suivit sans méfiance pour une promesse de rhum. Ses yeux affûtés n'avaient même pas reconnu le tauren. Ce qui n'était pas le cas du mercenaire en armure sombre qui était venu expressément pour lui.

Un de moins se dit-il, sa vengeance serait bientôt terminée. Avant que le métal ne l'empêche de parler, l'orc venait de donner le nom du dernier qu'il manquait à Zanatho. Il avait cru les paroles du tauren lui assurant vie sauve contre son chef. Quel idiot.

Une seule vie à prendre encore. Mallah et Kina pourraient reposer en paix, leur honneur lavé de cette souillure que ces mécréants y avaient laissé.

Les cauchemars s'étaient estompés à mesure que les têtes tombaient. Mais les nuits du guerrier étaient encore mouvementées. Il n'était pas rare qu'il se réveille, le pelage trempé de sueur, l'horreur gravée sur le visage.

Toujours le même réflexe alors, il examinait ses bras pour voir s'il devait éponger le sang qui en coulait. Mais cela faisait bien longtemps qu'il avait cessé de couler. Son corps était devenu un tableau vivant. Des cicatrices impressionnantes zébraient à présent le poil brillant du colosse.

Au fil des combats marquant les étapes d'une vengeance brutale, sa collection s'était agrandie, Chaque marque lui rappelant ce qui s'était passé. Son échec, sa tristesse...sa haine. Oui cette haine durcissant les traits de son visage. Cette haine le faisant regarder la mort avec délectation. Il s'était surprit à sourire à la vue du regard terrifié de l'orc alors que la lame aiguisée entrait dans sa chaire. Ils n'avaient tous que ce qu’ils méritaient et ceux qui avaient tentés de l'empêcher de faire payer cette dette à toutes ces crasses y étaient passés aussi.

Ils ne valaient tous en eux même pas plus qu’une bouse, mais leur vie avait beaucoup de valeur aux yeux de Zanatho. Il finirait bientôt. Il finirait avec lui, oui ce troll masqué. Il lui ferait perdre son sourire, son regard narquois se changerait en une expression de terreur, la terreur. Il se l'était juré, il ne resterait pas impuni. Dut-il y perdre sa vie, il lui arracherait le coeur à mains nues.

Il sortit de la ruelle, prit la direction des quais et embarqua dans la première navette vers la Baie du Butin. Un troll ayant ses habitudes dans un pub bien connu aurait bientôt la surprise de sa vie, cette surprise serait la dernière.

Peu de temps après, un bateau accosta Dans la Crique des Marchants.

Zanatho posa le pied sur le ponton, il savait ce qui lui restait à faire. Il se rendit au pub et y passa la plupart de son temps pendant plusieurs jours.
Aucun signe de l'autre, il commença à douter des renseignements de l'orc.

Lui avait-il mentit ?

Ou tout simplement voyant ses complices tomber, il avait décidé de se planquer comme un lâche qu'il était.

Deux semaines passèrent. Il ne viendrait pas...

Le mercenaire se dirigeât vers la sortie, se jurant qu'il fouillerait ciel et terres jusqu'a trouver ce monstre. Alors qu'il sortait une personne entra dans l'auberge et le bouscula. Il se retourna en grognant, son regard croisa celui d'un troll, il n'avait même pas fait attention et pourtant ces yeux ne lui étaient pas inconnus.

L'autre ne le reconnu pas, il faut dire que le tauren qui se dressait devant lui n'avait plus rien avoir avec le jeune qu'il avait torturé deux ans plus tôt. Zanatho ne dit rien et sortit.

La pluie tombait, il réfléchit longuement. Sous un impair le rendant encore plus massif, un chapeau de pêcheur protégeant un cigare au bout incandescent, il fixait la sortie du pub. Oui, il ne pouvait pas se tromper, même s'il ne portait plus le masque, ses yeux étaient restés les mêmes. C'était lui.

Deux heures passèrent, puis trois, quatre...

Que pouvait-il bien faire ?

Le tauren commença à pester. Il allait se décider à entrer lorsque le troll finit par sortir en titubant, accompagné d'une humaine. Ils prirent la direction de l'arrière du pub, une rue puante regorgeant de poubelles et de rats. Oui, ce serait la qu'il finirait, parmi ses semblables. Zanatho les suivit discrètement. Il venait de s'arrêter, appuyé contre un container.

Alors que cette crasse finissait de vomir le reste de ses entrailles, une ombre saisissante vint recouvrir les deux personnes. Il se retourna, le regard embrumé, ne comprenant pas. Un sourire niais marquant son visage. La femme quand à elle arrêta de respirer, l'air terrorisée. Son ses pommettes étaient marquées, sa lèvre saignait.

Zanatho parla le premier.

"Grazzik ?
-Tu me veux quoi ? Tu vois pas que je suis occupé là ?"

Alors que la fille allait parler le troll lui adressa un revers de la main.

"Tu ouvriras ton clapet quand on te le demandera !"

Devant les sanglots de ce qui paraissait être une serveuse de l'auberge, il leva à nouveau la main. La fille se recroquevilla sur elle même attendant le coup, mais celui-ci ne vint pas. Un bras s'était tendu, un éclat métallique s'était étiré jusqu'a la gorge du troll. Il ne bougeait plus, Zanatho n'avait pas frappé, il avait juste posé le fil de la lame contre sa peau bleue.

D'un geste de tête, il ordonna à la femme de s'enfuir. Ne la voyant pas bouger il tapa du sabot. Le bruit la fit détaler.

"Dis moi gros tas, tu te prends pour qui ? Tu crois qu'on peut me menacer, moi ?
-Sais-tu qui je suis ?
-Mais qu'est-ce que tu me racontes abrutit c'est la première fois que je te vois.
-Il y a deux ans tu nous as attaqués en Mulgore. Sais-tu qui je suis ? Insista-t-il en pressant la lame sur la gorge."

Le troll se figea, puis, après un moment de réflexion, un sourire lui vint aux lèvres.

"T'as réussis à t'en tirer malgré ce qu'on t'a fait.
-C'était donc bien toi."

Zanatho retira l'épée du cou du troll et la laissa tombé à ses pieds. Celui-ci ne comprit pas tout de suite ce qu'il faisait.

"Ramasses la...
-Quoi ?
-Ramasses la !"

La voix grave de zanatho raisonna dans la rue. Tandis que le troll se baissait pour ramasser l'arme, Le tauren sortit une deuxième épée de son manteau et jeta son chapeau. Le troll se redressa, toujours le sourire aux lèvres.

"Tu sais, on est pas obligé de se battre. On pourrait trouver un arrangement. J'ai de l'or, beaucoup d'or. Toutes les femmes que tu veux si c'est a cause des deux autres que tu..."

Zanatho envoya un crochet dans la mâchoire du troll pour le faire taire. Il trébucha et tomba en arrière dans les immondices jonchant le sol.

"Pas d'arrangement, la mort.
- On ne vous voulait pas de mal ! On voulait juste s'amuser un peu ! Ca à mal tourné j'te jure, je voulais pas ça !
-Debout, en garde !"

Le troll tenta de fuir à quatre pattes, abandonnant l'épée au sol. Zanatho le suivait lentement regardant avec dégoût le spectacle pitoyable qui lui était montré.

"Tu n'as pas d'honneur, tu n'es qu'un lâche. Bas toi !"

Il attrapa le troll par le dos de sa chemise et le releva d'un geste brusque. Le tauren jeta son épée au sol et saisit d'une main le cou bleu.

"Tu vas payer.
-Attends, attends. Balbutia l'autre d'une voix étouffée par la pression des doigts massifs.
-Un dernier mot avant de mourir ? Il desserra sa prise
-Tu ne veux pas devenir comme moi. Tu n’es pas un tueur.
-Je m'en accommoderai, crois moi. Il resserra sa poigne.
-Je ne crois pas."

Le troll venait de faire un geste rapide, une douleur, Zanatho baissa la tête, une lame venait d'entrer dans son flanc. Ses veines devinrent saillantes, sa main se referma sur le cou du troll de plus en plus fort.
L'autre ne comprenait pas, il recommença le geste. Le tauren devant lui encaissait les traits de métal qui marquait sa chaire. Il le fixait droit dans les yeux. Le mercenaire saisit l'arme du monstre de sa main gauche. La droite continuait de se refermer de plus en plus.

"Tu ne feras plus jamais de mal à personne..."

Son coup se brisa dans la main massive du guerrier dans un bruit de craquements multiples. Son regard fixait toujours le tauren mais plus rien n'y brillait. Plus de sourire. Ses bras tremblaient, ses jambes gigotant mollement.

"Plus jamais..."

Zanatho relâcha sa prise et laissa retomber le corps au sol. Il examina les plaies à son flanc, il survivrait. Le mercenaire revint sur ses pas, ramassa ses deux épées. Il regarda une dernière fois le cadavre auquel les rats étaient déjà en train de s'attaquer. C'était fini.

Dans la nuit, une large silhouette sombre traversa la ville et se dirigea vers les quais.

Zanatho contempla la lune. Il balbutia quelques mots.

"J'espère que d'où vous êtes, vous êtes fières de moi. Bientôt, je vous rejoindrai."

La brise caressa son visage. Il expira un grand coup, il avait réussit.

Cette nuit la, le fils Ragetotem trouva enfin le sommeil, il espérait ne jamais revoir ces horreurs.

Il ne comprenait pas ou cela avait mal tourné, ce qu'il avait mal fait. Il les avait vengées, il y avait maintenant plus de 12 ans. Les cauchemars avaient disparus avec le troll et il avait pensé qu'il en serait libéré.

Mais à présent, ils revenaient le tourmenter, Zanatho n'avait plus l'envie de les combattre. Il ne savait plus quoi faire.

On lui avait prescrit des potions, des racines à mâcher pour garder le sommeil. Certains lui avaient même proposé des substances dangereuses. Rien n'y avait fait, s'il lui avait été impossible de garder le sommeil avant, à présent il n'essayait même plus de le trouver.

Ses côtes s'étaient creusées, ses yeux petit à petit couverts de veines rougeoyantes. Zanatho se voyait dépérir de jour en jour sans comprendre pourquoi cela lui arrivait, ce qu'il avait fait de mal pour mériter ça.

Il avait commencé à haïr Fitzgeraldo, sans son poison cela ne serait jamais arrivé. Puis, la raison lui était revenue, le poison n'avait fait que réveiller ce qui sommeillait. Tôt ou tard tout ceci serait réapparu.

La mort se dessinait tout doucement à l'horizon comme la seule issue qu'il restait. Zanatho ne luttait plus. Bian, un druide qu'il avait rencontré lui avait dit qu'il pourrait le soigner, mais seulement du poison, pas de la malédiction qui le suivait.

Etait-ce vraiment une malédiction ?

Non, cela n'avait plus d'importance, la fatigue prenait tout doucement le dessus. Bientôt il ne pourrait plus porter l'armure de son père, bientôt, il ne pourrait plus rien faire.

Une idée était alors venue au tauren, une idée folle. Il ne voulait pas finir couché dans un lit, ne sachant plus bouger. Il aurait déshonoré sa famille, son clan. L'idée lui était venue alors. Il devait mourir en brave, avant que cela ne se termine dans la faiblesse et la honte.

Il avait décidé de trouver le poison que Fitz lui avait mit dans le sang, d'en trouver une bonne quantité. Oui, il l'utiliserait et retournerait réussir la ou il avait échoué, il mourrait avec sa famille. Il ferait ce qui aurait du être.

Mais cela n'était pas si facile à faire, plus il regardait les gens à Ratchet et plus il commençait à douter. Quand il évoquait ne serait-ce qu'une idée de la mort, ces personnes, qu'il prenait pour des inconnus, le reprenait de volée pour lui affirmer que cela ne pouvait arriver. Des inconnus se révélaient des amis. Des amis qui avaient peut-être besoin de lui.

Tout cela lui rappelait les batailles auxquelles il avait participé. Quand il s'élevait, un cor à la main pour sonner la charge. Ses braves, le suivant dans le grondement de la bataille. Des personnes paraissant se haïr tous l'un l'autre mais qui se révélaient parfois être des frères, se battant pour la survie de l'autre.

Cette période était loin, très loin. Zanatho ne se trouvait plus dans une bataille. Les gens ici n'avaient pas besoin de lui.

Goshek, Belletrogne et même Bian lui avait alors conseillé de trouver quelqu'un. Ils ne comprenaient pas...

Comment pouvaient-ils comprendre après tout, il ne connaissait rien de lui. Même Bian qui avait fouillé dans son esprit aurait du comprendre qu'il ne pouvait faire cela.

Il l'aurait trahie, trahie encore une fois. Il aurait Faillit la ou jamais cela n'aurait du arriver.

Zanatho leur avait promis qu'il les rejoindrait. Il trouverait ce poison et terminerait ce qu'il avait commencé il y a longtemps.

Il finirait par mourir en brave.

La fiole s'écrasa au sol dans bruit de bris de verre. Le tauren sentit ses paupières se fermer.

Ca y était, il avait enfin réussit à le faire...

Kryack l'avait aidé de trouver ce poison, des déguisements en passant par le dosage de la substance, il l'avait aidé. Alors que le troll savait bien ce que Zanatho allait en faire, il avait décidé de continuer, de le laisser choisir son chemin lui même.

Zanatho eu soudain une pensée pour Karminaa, puis le visage de Loadjïn passa devant son regard dans un nuage vaporeux. Belletrogne, Juny, tant d'autres. Enfin, les paroles de Musaranea repassèrent dans sont esprit tandis qu'un vague souvenir d'une taurenne au pelage brun frappait ses yeux.

Ce qui l'entourait disparu dans un brouillard sombre...

Ce qui l'avait poussé a faire ça s'était précisé ce soir la. Tout ce qui se passait était dans sa tête, un cauchemar sans fin qu'il devait combattre.

Il avait dit au revoir a ceux qui lui étaient chères, malheureusement il n'avait pu voir tout le monde.

Une lumière le frappa, alors qu'il grimaçait face à cette lueur vive aux tons chauds, Zanatho sentit l'herbe lui caresser le dos, la brise passer sur son visage avec une odeur de printemps. Il ouvrit les yeux alors, un large sourire aux lèvres, heureux d'avoir réussit à revenir pour son dernier combat.

Zanatho se redressa, il contempla la petite maison en bas de la plaine, toujours au même endroit, des volutes de fumées s'échappant du toit.

Il se retourna et se pencha sur sa fille toujours allongée dans l'herbe haute. Face à l'ombre qui venait de s'abattre sur elle, la petite ouvrit doucement les yeux, c'est à ce moment qu'il se produisit une chose que le tauren n'aurait pu imaginer. La fillette qui se trouvait devant lui était effrayée, elle le fixait d'un regard terrorisé. Elle poussa un cri d'horreur, se leva et partit en courant vers la petite baraque sans que le mercenaire n'ait pu dire un mot.

Le guerrier ne comprenait pas. Il porta une main à son visage et c'est alors que la chose le frappa. Le fils Ragetotem portait une armure Sombre ornée, ses bras étaient tatoués de marques caractéristiques qui ne laissaient plus aucuns doutes. Le tauren n'était pas redevenu le jeune qu'il avait été autre fois. Le Zanatho qui se trouvait dans ce rêve était le mercenaire. Un monstre pour ça fille, il était devenu ce qu'il avait juré de tuer.

Il comprit...

Il s’élança vers la maison, les cris de la petite avait fait sortir Mallah. L'orc, armée d'une épée trop lourde pour elle semblait elle aussi effrayée par le spectacle qui se déroulait devant elle. Un colosse en armure qu'elle n'avait jamais vu poursuivait sa fille.

Le tauren ralentit alors, laissa la petite gagner du terrain pour aller se réfugier derrière sa mère. Sa femme, toujours aussi fière brandissait toujours d'une main tremblante l'arme aiguisée.

"N'approches pas, étranger, ou je te pourfends !
-Tu n'as jamais su tenir une épée convenablement..."

Cette voix, cette voix n'était pas inconnue à l'oreille de l'orc, elle lui semblait familière. Elle observa le tauren approcher doucement, quand il fut a quelques mètres, elle se mit en garde.

"Plus un pas !
-Très bien...très bien...
Qui es-tu ? Je connais ta voix.
-Tu ne me reconnais donc pas Mallah ?"

L'orc eu un effet de recul, ce monstre connaissait son nom. Mais elle n'en avait pas de souvenir. Cette couleur de pelage...

"Kina, ou est ton père ? Demanda-t-elle.
-Tu l'as devant toi. Gronda la voix du tauren.
Silence, tu n'es pas lui, je le vois bien."

Zanatho réfléchissait, comment pourrait-il la convaincre. Une idée lui traversa la tête. Il plongea sa main sous son plastron pour aller y chercher quelque chose. Le mercenaire sortit une chaînette au bout de laquelle pendait un porte-bonheur, une patte de lapin.

"Regardes, j'ai ce pendentif depuis ma 20eme année, la petite me l'a offert, elle l'a fait elle même. Montres lui...
-gardes la, je ne veux pas de tes objets empoisonnés."

Le tauren rangea son bijou puis regarda Mallah.

"Alors nous allons devoir nous battre. Mais tu descends trop ta garde, cette épée est trop lourde. Tu as tendance à prendre une grosse arme pour faire peur mais tu ne sais pas t'en servir. Je sais aussi que les déplacements ne sont pas ton point fort, tu te trébuches tout le temps."

Mallah était visiblement surprise, ces mots elle les avait déjà entendu, mais ils venaient d'une autre bouche. Son visage s'adoucit alors que le tauren devant elle continuait de parler.

"Le première fois que je t'ai vue, tu m'as sauté dessus avec une épée cassée. J'ai du t'assommer pour te calmer. C'est après ça, alors que j'allais partir que je me suis aperçu que Kina, âgée de trois ans, pleurait dans un buisson non loin de la. Tu étais mal en point."

L'orc restait toujours silencieuse, ne comprenant pas comment ce monstre pouvait savoir ça.

"Nous nous sommes mariés le jour de solstice d’été, tu avais mis une superbe robe bleue, tu avais relâché tes cheveux. Tu te trouvais laide dans cette tenue de cérémonie."

Mallah fixait Zanatho d'un regard remplit de tristesse ne reconnaissant pas celui qu'elle aimait. Elle baissa son arme.

Comment le colosse devant elle pouvait être ce qu'il disait ?

"Cela fait un an pour toi...quinze pour moi. J'aimerais pouvoir t'expliquer, mais nous n'avons pas le temps Mallah. Il faut que tu partes maintenant.
-Quoi, partir ?
Des gens vont venir, c'est pour ça que je suis la. Des personnes horribles, elles viennent pour vous faire du mal. Le tauren que tu as devant toi aujourd'hui, c'est eux qui l'ont fait."

Mallah fixa Zanatho dans les yeux, une lueur y brillait et comme au par avant, elle comprit instantanément qu'il était très sérieux.

"Vite Kina, rentrons on va préparer nos affaires."

L'orc s'élança à l'intérieur de la maison entraînant la fillette toujours aussi terrorisée par le tauren. Le guerrier la poursuivit à l'intérieur.

"Nous n'avons pas le temps !"

Le tauren tendit l'oreille, des bruits de pas. Non, c'était impossible, c'était trop tôt ! Il maudit les esprits, ils se jouaient de lui, des heures étaient devenues des minutes. Alors que la voix écoeurante raisonnait dehors, Mallah fixa le guerrier d'une expression paniquée.

Non, non !

Zanatho empoigna l'orc par le bras et se dirigea vers le fond de la maison, il lui prit l'épée des mains et taillada la paroi de toile pour y faire une longue coupure. Dehors les brigands s'impatientaient, ils reformulèrent leur demande.

"Y'a personne ?" Cracha l'un d'entre eux.

Zanatho ouvrit la toile et y fit passer Mallah et Kina, il les regarda une dernière fois puis qu'un geste de tête leur dit de partir vite. Sa famille l’observait, ne comprenant pas. Le tauren les fixa une dernière fois puis referma la toile et se serra la garde son épée alors qu'il retournait vers l'entrée. En passant le mercenaire se saisit d'une lampe à huile brillant dans la chambre.

"Par ici, entrez je suis au fond !" Hurla-t-il.

Zanatho se posta en face de l'entrée et attendit qu'ils arrivent, la lampe dissimulée dans son dos. Il savait ce qu'il allait faire. Doucement, ils entrèrent, un par un. Le fils Ragetotem restait la, son épée en main, prêt à combattre, mais cette fois, il savait que la fin serait différente. Tous le fixaient, un sourire narquois sur le visage.

Ils étaient tous la, le troll entra en dernier et vient se poster a l'avant du groupe, ce même foulard, cette même voix.

"Allons mon gros, tu penses pouvoir t'en sortir contre nous ? Déposes ton arme et il ne t’arrivera rien.
-Nous allons voir Grazzik, ce qui va réellement arriver."

Le troll fronça les sourcils, son air suffisant quitta son visage pour faire place une mimique interrogatrice.

"Je vais tomber...mais je vous emmènerai tous avec moi !" Hurla-t-il.

Il projeta la lampe dans l'entrée de la baraque. Elle se brisa et enflamma directement tout autour d'elle, empêchant une retraite. C'est alors que Zanatho fonça dans le tas. La maison s'embrasait rapidement, une fumée épaisse remplit les pièces.

Dans la noirceur, des coups de lames, du sang, des hurlements.

Le tauren hurla alors qu'une lame effilée le transperçait. Cela était venu de derrière, il se retourna brutalement dans un geste avec son épée. Un troll dont le visage était bandé s’effondra, le torse ouvert de part en part.

La maison était entièrement en flamme. Zanatho fixa quelques instants la pointe d'épée lui sortant du torse, le regard perdu, avant de prendre un autre coup. Une douleur venait de lui déchirer le bras. Il tomba a genoux, puis dans un hurlement de colère se releva pour achever celui qui venait de le frapper.

Tout s'était passé très vite, il n'y avait plus personne. Zanatho n'arrivait plus à respirer. Le bois de la charpente chancela, le tauren eu un sourire. Un grondement assourdissant l'engloutit.


Au loin, alors qu'elle arrivait à Thunderbluff avec sa fille, Mallah se retourna pour regarder la cause d'un tel vacarme. La maison venait de s'effondrer sur elle même, une fumée noire s'élevait jusqu'aux cieux.

Elle et Kina n'avaient toujours pas bien comprit ce qui s'était passé, mais au fond d'elle même, une chose était sure. Ce sombre tauren, qui qu'il soit finalement, venait de leur sauver la vie.


Il toussa grassement, recrachant un mélange de sang et de suie. Ses poumons semblaient se tordre de douleur à l'intérieur de lui. Sa peau était brûlée en grande partie. Il avait vu la poutre lui tomber dessus mais pas de douleur.

Comment avait-il pu s'en sortir ?

Il examina tout autour de lui, il n'était plus en Mulgore, le sol était rougeâtre, il se trouvait au sommet d'une cime. Tout était brumeux, voilé de blanc. Un air de musique rituelle battait l'air, flottant comme des feuilles mortes sur un vent d'automne.

Une voix caverneuse lui vint aux oreilles, une voix qu'il connaissait très bien. Il chercha la source et tomba sur elle. Devant lui se tenait son père, recouvert d'une armure, pareille à la sienne, identique. A coté de lui se tenait sa mère, silencieuse, le fixant d'un regard maternel.

Son père parla en premier.

"Je savais que cette armure t'irait aussi bien qu'à ton vieux père, fils. Tu as prouvé ta valeur, tu as combattu l'invincible, fait l'impossible."

La voix raisonna comme si elle émanait d'une caverne. Sa mère prit la parole de sa voix douce apaisante.

"Vois ce que tu as fais..."

Une vision enveloppa Zanatho.

Il se trouvait à Thunderbluff, la Mallah et Kina faisaient leur marché, continuant leur vie, heureuses. Sa femme tourna soudain la tête vers lui, un frisson la parcouru. Elle ne semblait rien voir. L'orc se retourna vers la fillette et elles continuèrent leur chemin.

"Pourquoi ne me voient-elles pas ? Pourquoi ne puis-je pas les rejoindre ?"

Le père du guerrier réapparu alors, Thunderbluff s'évapora.

"Tu as sauvé leurs esprits, mon fils, mais la mort ne peut pas sauver le tien. D'autres personnes ont encore besoin de toi, il est trop tôt pour venir rejoindre ceux qui ont disparus.
-Mais je veux...
Es-tu sure de ce que tu veux Zanatho ?
-Je...non, père
Ton heure n'est pas encore arrivée. Elle viendra, tu auras encore l'occasion de combattre et de mourir en brave. Mais ce jour n'est pas celui-ci.
Retourne prêt de ceux que tu aimes, aident les, protégent les. Vis, mon fils, cesse de fuir tes échecs et recommences sans les reproduire.
Ta mère et moi nous nous occuperons de ta famille.
-Mais...oui, père.
Vas mon fils, continues à faire notre fierté."

Le mercenaire acquiesça.

Un éclair lumineux apparut, ses parents disparurent doucement.

Zanatho voulu dire quelque chose mais les paroles qui sortirent de sa bouche raisonnèrent dans la chambre ou il s’était allongé avant de boire le poison.

« Je vous aime… »

Il avait réussit, oui, il avait réussit. La joie lui vint au coeur, une sensation qui lui était presque devenue étrangère.

Oui, il continuerait de vivre, il ferait honneur à ses parents, honneur à son clan.

Il ne fuirait plus ceux qu'il aimait...

D'un coup il sursauta et se redressa. Encore ce rêve...

Le tauren était trempé de sueur. Il chercha des repères familiers dans cette pièce qu'il ne reconnaissait pas. Le lotus... Il était à l'auberge, dans sa chambre.

Il se recoucha, essaya de reprendre son souffle. Le mercenaire ferma les yeux, son souffle lourd résonnait dans l'alcôve. Zanatho n'arrivait pas à retrouver le sommeil.

Prendre l'air, il devait respirer un peu. Il se leva et ouvrit la porte. L'air frais fouetta son torse nu, il resserra la ceinture de son bermuda. Après avoir vérifié qu'aucune des filles ne pourrait le surprendre dans cette tenue, il sortit.

La lune était toujours dans le ciel mais des teintes de rouge commençaient a apparaîtrent. Il fixa la ville encore endormie.

Le tauren réfléchit quelques instants...

Les drôles de rêves qu'il faisait ces derniers jours étaient signes que quelque chose troublait le guerrier. Des images de personnes qu'il connaissait lui revenait sans cesse. Étrangement toutes ces personnes étaient des femmes. Enfin, cela n'était pas si étrange que ça finalement...

Après tout, il travaillait à présent dans un univers en grande partie féminin.

Zanatho était fort, il avait combattu des centaines de fois, surmonté des épreuves dont certains ne seraient jamais revenu mais il avait peur.

Il n'avait pas voulu l'admettre au début, mais maintenant c'était clair. Ces femmes lui faisait peur, pas par leur méchanceté loin de la, plutôt le contraire. Il commençait a s'attacher particulièrement a certaines et cela ne pouvait être bon. Le guerrier semblait changer.

Son travail était de les protéger, rien d'autre.

Pourquoi alors s'était-il inquiété pour la jeune Leera comme ça ?

pourquoi prenait-il plaisir à taquiner Kareysha et appréciait-il les chatouilles de Dorelah, même si elles le mettaient assez mal à l'aise ?

Toutes ces réactions s'étaient adoucies. Peu de personnes auraient pu lui parler comme Musa l'avait fait sans recevoir une correction. Et même si la colère l'avait envahit a plusieurs reprises il ne pouvait rester énervé trop longtemps contre elle.

Pire, pourquoi courrait-il après elle sans réelles raisons. De peur qu'il ne lui arrive quelque chose, qu'il ne soit pas la, qu'il échoue dans son rôle de protecteur. Elle ne semblait pas avoir besoin de lui pourtant.

Il s'était juré d'arrêter ça mais ne pouvait s'empêcher d'avoir peur pour elles et peur d'elles en même temps.

Il redécouvrait certaines choses qu'il avait crut oubliées et cela le terrifiait parfois.

Zanatho avait débuté une nouvelle vie et ne se rendait pas encore tout a fait compte de tout ce que cela représentait. Il devrait changer encore et ça il n'en avait pas envie.

Il cessa cette réflexion et reprit le chemin de sa chambre. Le tauren jeta un oeil dans le couloir, après s'être assuré que personne ne s'y trouvait il se glissa dans ses quartiers et verrouilla la porte.

Quelques images lui revinrent aux yeux alors qu'il s'endormait un sourire aux lèvres.

S'il avait souhaité ne plus faire de rêves cette nuit, c'était mal partit...

Zanatho était installé comme à son habitude près de la barrière en face du cabaret. Il observait la ville sans vraiment percevoir quelque chose. Ses pensées se remuaient, telle une mer de vagues difformes, se chevauchants puis disparaissant tour à tour. Il avait réfléchit toute la journée. Essayé d’être distant avec certaines personnes. Il n’avait pas vraiment réussit à se détacher d’elles.

Cela faisait quelques jours que le tauren sentait avoir mit les pieds là où il n’aurait pas du. Il n’aurait pas du accepter cette situation. Musa semblait jouer avec lui, du moins c’est-ce qu’il pensait. Il avait son sourire puis elle le provoquait délibérément. Lui ne se faisait pas prier pour lui répondre. A vrai dire, cela lui plaisait même s’il ne voulait pas y penser. Malgré cela, il se surprenait tout de même à la provoquer lui aussi. Et cela ne semblait pas déplaire à Musaranea non plus.

Mais était-ce vraiment bien de faire ça ?

Il ne connaissait pas la réponse. Peut-être n’y en avait-il pas ou tout simple peut-être ne voulait-il pas la connaître. Certaines questions étaient soudainement devenues délicates, d’autres sans importance.

Leera était très jolie, tout comme Musa, et très gentille avec lui, tout comme la taurène également. Le guerrier ne savait pas quoi faire. Il ne comprenait pas ce qui poussait la trolle à lui donner autant d’importance, ce qui la poussait à être toujours aussi gentille. Ses sourires laissaient à chaque fois un sourire niais sur le visage du tauren, comme s’il avait prit un coup de masse de bon coeur. Il essayait de lutter contre ça mais cela devenait dur, très dur. De même, un sourire de Musa, un clin d’œil comme elle en dispensait à tout va le laissait un peu déboussolé, perdu.

Perdu entre des questions, toujours des questions. Était-il en train de trahir Mallah ?

Ce qu’il savait c’est qu’il se sentait beaucoup mieux près d’elles que seul à présent, c’était une évidence.

Des souvenirs vinrent lui remplir la tête. Il sourit en se rappelant que cette situation, il l’avait déjà vécue. Il avait déjà douté, eu peur de ce qui se profilait à l’horizon mais qu’il ne pouvait fuir. Les images de sa premières rencontre avec sa femme lui revenaient, repassant le long fil d‘une chose qu‘il avait cru impossible au début.

Cela avait été une sacrée capture, oui, une capture. Cela était arrivé alors qu’il rentrait d’une chasse en foret. Deux lapins accrochés à la ceinture, son arc et son carquois sur le dos. Une orc avait alors bondit d’un buisson, armée d’un couteau. Enfin, il ne s’était rendu compte que c’était une femme qu’après l’avoir assommée d’un reflex puissant. Quand il avait soulevé ce masque, qu’il avait découvert les trait d’une jeune femme, il avait eu deux pas de recule. Il n’avait jamais vu cette peau verte, ces crocs, il savait ce qu’était un orc mais il était jusqu’alors toujours resté en Mulgore, c’était l’inconnu. Qu’avait-il à craindre d’une femme après tout et assommée de surcroît.

Zanatho puisa dans son courage et revint se mettre à genoux à coté de l’orc avec qui il se marierait finalement. Il avait été sans le savoir, à ce moment, à un tournant important de sa vie. Il avait voulu continuer sa route, la laisser la. Quelque chose l’en avait empêché, quelque chose qu‘aujourd’hui il ne s‘expliquait toujours pas. Il l’avait alors jetée sur son épaule comme il l’aurait fait avec une petite biche.

Mais au moment de partir, quelque chose l’interpella, un sanglot. Non cela ne venait pas de l’orc, ce n’était pas loin. En fouillant les fourrais, il avait découvert non loin de la cette petite chose verte. Une fillette dont il ne saurait plus tard qu’elle se nommait Kina. Face au regard que la petite lançait à sa mère de ses grand yeux bleus, Il comprit que la femme avait caché son enfant avant de guetter une personne a détrousser.

Zanatho était encore jeune à cette époque mais il dépassait déjà ses camarades d’une tête facilement. Elle n’avait pas eu peur de lui sauter dessus. Lui, ne savait pas quoi faire face à cette petite chose fragile qui pleurait toutes les larmes de son corps.

Horreur ! Cette chose verte coiffée de deux petits couettes monstrueuses s’était redressée, elle marchait a présent vers lui !

Il s’était alors préparé à un choc, comme s’il s’apprêtait à encaisser un coup porté par un colosse et il lui avait fallu tout son courage pour ne pas partir en courant quand la fillette s’était accrochée à la jambe de son pantalon. Elle l’avait fixée quelques secondes droit dans les yeux en balbutiant des mots incompréhensibles propres au nourrissons.

Il avait alors fait un choix.

Zanatho s’était baissé et prit la petite par sa couche. Le tauren reprit alors sa route avec deux prises dont il se serait bien passé avait-il pensé.

La silhouette cornue sortit des bois une orc sur l’épaule, une fillette ballotant comme un cas de provision au bout de sa main, toujours sont arc, son carquois sur le dos et ses deux lapins à la ceinture.

Le soleil inondait les plaines du Mulgore et le guerrier remercia les esprit que personne ne remarque ce qu’il transportait. Il suivit la route de poussière à travers les immenses prairies qui entouraient une petite maison en toile blanches.

La fillette quant à elle continuait à lancer des regards vers la montagne poilue au gré de ses balancements. Lui n’osait pas trop regarder la petite.

Il était trop tard pour faire marche arrière à présent, celui qui deviendrait le mercenaire que l’on connaît était devant l’entrée de la petite baraque.

Il jeta un œil vers l’orc sur son épaule. Elle ne donnait pas signe de réveil, il n’avait pas frappé si fort tout de même. Elle devait être très fatiguée, ses habits étaient déchirés, elle était assez maigre. Depuis quand étaient-elles livrées à elles mêmes ?

Soudain toutes ces questions n’eurent plus aucune place dans l’esprit du tauren. Quelque chose de chaud et pâteux glissait le long de la jambe du guerrier. Zanatho n’osa pas premièrement, puis, finalement il tenta un coup d’œil vers le monstre à couettes qu’il tenait toujours par la culotte.
Il se rendit alors compte que s’il avait jeté un œil de temps en temps à son bagage a main, il se serait rendu compte que les balancements répétitifs réussissent assez mal aux enfants en bas âge. La gamine le fixait, le figure toute pâle, la bouche encore barbouillée.

Suite au voyage mouvementé, le repas de la fillette avait eu envie de prendre l’air et bien sure aucun autre endroit n’était plus accueillant que le mollet de notre ami.

Ce qu’il découvrirait un peu plus tard, c’est qu’en plus, durant le voyage, le chose verte ne supportant plus d’être balancée, elle avait essayé de stopper ses mouvements en s’accrochant à quelque chose, et les seules chose à portée de main était les deux petits corps aux longue oreilles qui pendaient à la ceinture de la montagne cornue. Elle s’y était accroché et les deux lapins étaient tombé sur la route sans même que Zanatho ne s’en rend compte.

Il se trouvait donc devant chez lui, une orc sur l’épaule, une gamine à la main, son arc et son carquois sur le dos, sans ses lapins et avec plein de vomit sur la jambe…

Un long hurlement parcouru les plaines environnantes…

Le tauren pestait encore, marchant bizarrement dans le but de déposer le moins possible que ce qui avait souillé son pantalon à l’intérieur de chez lui.

Il se dirigea rapidement dans sa chambre ou il y jeta Mallah sans plus de mesures dans son lit. Il la fixa quelques instants, elle ne semblait pas vouloir se réveiller. Soudain, il se souvint qu’une chose vivante était encore accrochée au bout de son bras.

Il souleva le bras pour mettre la petite à hauteur de sa tête. Elle le regarda l’air surprise. Zanatho la fixait l’air un peu surprit lui aussi, il s’attendait à ce que la petite ai peur mais il n’en était rien, elle lui souriait a présent. Il jeta un œil sur ce qui humidifiait encore sa jambe puis regarda la petite.

« Alors, t’es fière de toi, petite ? »

La petite ouvrit la bouche puis laisser sortir un rire amusé.

« apparemment, oui… »

Il lâcha un soupir.

« Bon, allez on va nettoyer ça. »

Le tauren retourna dans la sale de séjour ou il mit une marmite d’eau a chauffer au dessus du feu. Une fois l’eau tiède, il y plongea la petite et s’installa à table dans le but de nettoyer un peu la fillette. Autant dire qu’avec ses mains énormes, la tâche ne fut pas aisée. Mais il se félicita du résultat quand il en eu terminé. Il se tourna pour se saisir d’un drap et essuyer l’eau qu’il avait mit partout. Il reçu une gerbe dans le dos, il refit face à la petite, surprit et reçu à nouveau de l’eau dans le visage.

Devant lui se tenait, dressée comme une guerrière minuscule la petite chose verte, un sourire espiègle sur le visage.

« Non, non, c’est tout »

La petite lui sourit et lui envoya encore de l’eau.

« nom de… »

Il se rua alors vers elle sous une cascade d’eau que la lilliputienne prenait un malin plaisir à lui envoyer tout en éclatant de rire. Il arriva finalement à moitié trempé près d’elle et la souleva par le pied. Il la regarda un moment l’air sérieux, puis, face au rire qu’elle dégageait toujours, finit par sourire et l’enveloppa dans le drap qu’il tenait de l’autre main. Il posa la petite chose fragile dans le creux de son bras et s’assit.

« Je ne crois que je suis pas au bout des problèmes avec toi… »

Elle lui sourit puis se blottit au chaud dans le drap. Le guerrier resta la plusieurs minutes, à regarder cette petite chose qui s’endormait. Il finit par aller la déposer contre sa mère, prit de quoi se changer et sortit en fermant la porte.

Il ne dormit pas cette nuit la, il se questionna, réfléchit à ce qu‘il devait faire. Tout comme il le faisait aujourd’hui

Que faisaient-elles la ?

Que leur était-il arrivé ?

Devait-il en informer le chef du village non loin ?

Zanatho fit un choix et n’en fit rien. Mallah et Kina ne quittèrent plus jamais sa maison. L’orc deviendrait quelques années plus tard sa femme, la petite, sa fille. Il ne serait pas soutenu dans sa démarche par son village ni son clan mais il le ferait tout de même.

Et même s‘il pense aujourd’hui que c‘est à cause de lui qu‘elle perdirent la vie, il ne regrette pas d‘avoir ramené chez lui ce jour la…

Le soleil se couchait sur Ratchet…il avait réfléchit toute le journée à ce qu’il allait faire. Musa prenait beaucoup de place, toujours plus de place dans sa tête. Il n’osait pas lui dire.

Ce soir la, même s’il ne le savait pas encore, il finirait par offrir cette rose qu’il gardait dans son sac depuis une semaine à la taurène. Malgré l’état de la fleur, il verrait son visage s’illuminer et même s‘il aurait voulu faire de même il ne pourrait pas. Il ne bougerait pas non plus quand pour le remercier elle lui donnerait ce baiser.

Il ne comprendrait pas pourquoi cette femme l’appréciait à ce point. Sur le coup, il ne comprendrait pas non plus pourquoi il était si dur d’accepter ce qu’elle essayait de lui dire.

Il demeurerait la, perdu, ne sachant pas lui dire qu’elle venait de lui offrir ce dont il avait envie depuis des jours. Elle irait se coucher, une certaine tristesse sur le visage devant la froideur du guerrier. Cette froideur qu’il aurait aimé jeter au loin à ce moment là mais dont il ne pouvait se défaire.

Il ne dormirait pas non plus cette nuit, il s’enfermerait dans sa chambre et penserait encore à ce qu’il devait faire.

Était-il entrain de trahir Mallah ?

Devait-il résister ?

Qu’aurait-il voulu pour sa femme si les rôles avaient étés échangés ?

Musaranea lui avait dit qu’elle attendrait qu’il soit prêt, qu’il soit sûr. Mais Zanatho en avait assez d’attendre que quelqu'un prenne les décisions à sa place.

Il avait finirait par choisir... il vivrait.

Cela faisait plusieurs jours que tout avait moins d'importance pour Zanatho. Tout sauf une chose, plutôt une personne.

Il s'était mit à l'apprécier en secret, ne dévoilant pas grand chose. Puis cela s'était de plus en plus précisé. Il s'était retrouvé à guetter ses sourires, apprécier son parfum. Sans vraiment s'en rendre compte il était tombé sous son charme. Ses yeux, ses lèvres mais surtout sa personnalité.

Un nouvel obstacle s'était dressé. Était-il en train de faire quelque chose de mal ? Il y avait réfléchit longuement. Si sa femme était en vie et lui mort, qu'aurait-il voulu ? Il aurait voulu qu'elle vive, qu'elle soit heureuse. Alors il vivrait et serait heureux pour peu qu'il y arrive.

Il avait alors commencé à sérieusement la convoiter. Il trouvait ça idiot, lui trop rude et trop grincheux, elle trop jeune et beaucoup trop belle pour le monstre qu'il était. Puis, cela avait changé. Après en avoir parlé avec ses amis, ceux en qui il avait confiance, et surtout face à elle qui ne semblait pas indifférente.

Il s'était alors dit "pourquoi pas ?"

En si peu de temps, tout avait changé pour lui, il commençait à apprécier Ratchet, ses amis, oui ses amis. Des choses qui lui étaient inconnues, certes il en avait déjà eu, mais la guerre, les batailles et certains évènements marquants l'en avaient éloigné. A présent il se plaisait dans sa nouvelle famille, un famille...

On ne le considérait plus comme un outil, mais bien comme une personne, quelqu'un qu'on appréciait. Cela lui paru étrange, comment des personne comme Leera ou d'autres pouvaient trouver un ami en cette chose horrible qu'il était devenu ? Les questions s'effacèrent de plus en plus face aux assauts répétitifs de gentillesse, de preuves d'amitiés.

Puis était venu ce fameux jour, ce jour ou il avait offert cette fleur chiffonnée à la taurène. Ce baiser...

Peu importait la bataille, peu importait tout le reste, il la voulait !

Il s'était juré d'y arriver, pas pour l'exhiber comme un trophée, non. Il voulait la voir sourire, il la voulait heureuse. Le coeur de pierre qui battait à peine quelques semaines au par avant bourdonnait à présent dans son torse comme une cascade. Un grondement l'appelant à oublier tout son malheur, à sortir de ce trou qu'il avait creusé lui même au fil des années, ce trou si sombre et si crasseux qui l'étouffait un peu plus chaque jour.

Les chemises poussiéreuses avaient été ressorties de leur sac, aérées, il lui avait promit de faire des efforts et il tiendrait. Au diable le regard des autres, il voulait lui plaire. Il serait la, il ne l'abandonnerait jamais. Il la protégerait, il prendrait soin d'elle.

Devrait-il en mourir qu'il irait au enfers avec le sourire !

Musaranea était superbe, un femme d'un caractère et d'une force comme il était rare d'en rencontrer. C'était cela qui avait fait chavirer le radeau de notre ami. Forte et dure mais aussi si douce à la fois. Il ne s'en rendait pas compte mais cette femme était peut-être à présent la seule personne qui pourrait le calmer vraiment. Cela n'était pas encore arrivé trop souvent, mais Zanatho savait que ses rages étaient parfois incontrôlables, comme l'autre jour où il avait fracassé tout le mobilier de sa chambre, qu'il avait broyé son lit dans ses main comme q'il s'agissait de carton. De mauvais souvenirs, mais cela n'arriverait plus.

A présent quand il s'entait qu'il perdait son calme où qu'il se trouvait dans une situation dangereuse il avait une pensée pour elle. Le tauren arrivait alors à retrouver son calme où à s'arrêter avant de franchir le point de non retour. Il devrait compter avec à présent. Le temps o il pouvait jouer avec sa vie était terminé. Zanatho ne se permettrait pas de l'abandonner.

Il ne passait pas une minutes sans qu'il y pense, la prochaine fois qu'il pourrait la serrer dans ses bras démesurés, qu'il tenterait de se faire le plus délicat possible de crainte de lui faire mal.

Il était très mal à l'aise face à elle, la peur de mal faire, de paraître imbécile. Elle savait lui faire comprendre que cela n'arriverait pas mais la crainte persistait tout de même. Il s'habituerait pensait-il.

Belletrogne était infernal. En repensant à ses sourires et ses sous entendus il ne pouvait s'empêcher de rire. Il n'était pas au bout de ses peines face aux remarques de son ami mais il se promit de lui rendre la pareille. Ho non il ne se laisserait pas faire. Il espérait juste, connaissant les choses qui s'étaient produites entre lui et sa nouvelle compagne, que cela ne la mettrait pas mal à l'aise.

En jetant un regard avec un certain recul, Zanatho se rendait à présent compte que sa nouvelle vie lui plaisait énormément, il remercia les esprits de l'avoir fait choisir cette route le jour ou il avait atterrit dans ce port puant le poisson. A présent l’odeur de poisson avait fait place à une brise amenant une douce odeur de Chrysanthème, le parfum de Musa, le parfum annonçant que finalement le bonheur n’était peut-être pas totalement perdu.

Oui, la bonne route était devant lui, il ne lui restait plus qu'a la suivre...

(intervention d'un ami dans le récit)

[Belletrogne] :

Zanatho commençait apparemment à comprendre. Le capitaine du Solstheim ne pouvait qu'en sourire.

Il se souvenait de cette discussion qu'ils avaient eu un soir, où le guerrier culpabilisait presque d'avoir envie de retrouver le bonheur. Il avait fallu à Belletrogne puiser dans sa rustre cervelle les arguments qui pourraient toucher Zan.

- "...et si c'était elle qui était là aujourd'hui ? Du fond de ta tombe, tu n'espèrerais pas tout simplement qu'elle soit heureuse ?"

La flèche avait percé son cuir, le chasseur le voyait bien. Mais il faudrait du temps, plus que le pirate ne l'imaginait alors, pour que Zanatho n'accepte et n'intègre cette phrase comme une vérité.

Le voir comme un jouvenceau avec Musa était une source d'amusement sans nom pour Belletrogne. Bien sûr, il aimait charier son ami, le voir outré par ses sous entendus en présence de la taurenne, mais au fond il était ravi de tout celà. Et il savait que Musa et Zan avaient tout à partager. Il avait lui même été surpris de découvrir que la jeune femme n'était pas seulement d'une force impressionnante pour son âge, elle avait avant tout besoin de chérir un jardin délicat avec un homme attentif. Et il ne doutait pas que l'ancien mercenaire était celui qu'il lui fallait.

Seul dans son bureau, agréablement balancé par le ressac, le capitaine reprit sa lecture le sourire aux lèvres.

(intervention d'un ami dans le récit)

Musa lui avait donné une clé, une petite clé en cuivre ce soir là.

Rien de précieux, rien de valeur à première vue se dit-il. Les yeux de Zanatho s'étaient tournés vers elle, il avait comprit. Ce petit bout de métal n'avait rien d'extraordinaire si ce n'est le fait qu'il ouvrait une porte et quelle porte.

Musa lui ouvrait la porte de son bureau, la pièce où elle allait se réfugier souvent, où elle dormait. Mais bien vite cela prit plus d'importance, beaucoup plus. Musaranea lui ouvrait énormément plus qu'une simple porte.

Ce qui était une minute avant une simple relation faite de sourires et de petits baisers prenait beaucoup plus d'ampleur.

Cela l'effrayait autant que l'aurait été un enfant face à un Ogre.

Elle l'avait invité à s'y rendre, elle le rejoindrait plus tard. Zanatho avait alors gardé son calme face à sa... sa compagne, oui il pouvait l'appeler comme ça. Puis une fois partie il s'était mit à paniquer. Une drôle d'impression l'avait envahit, il avait d'abord prit le chemin de sa chambre puis avait rebroussé chemin et s'était engagé vers le bureau de la taurène, il ne voulait pas lui faire de peine. Enfin il avait douté plusieurs secondes avant d'y entrer.

Ça y était, il était rentré !

Le tauren avait fermé la porte, il avançait doucement dans la noirceur de la pièce, une douce odeur flottait un peu partout, il sentit ses paupières se fermer doucement comme s'il était entouré d'une substance apaisante.

Il avait trouvé le lit, s'y était assis doucement de crainte de le faire craquer sous son poids. Après avoir hésité, s'être levé et dirigé vers la porte, il était finalement revenu s'y coucher doucement.

Zanatho avait pensé ôter sa chemise comme à son habitude pour dormir puis, quand il eu défait trois boutons, se rendit compte que le spectacle qui attendait Musaranea ne serait pas joli à voir.

Le torse de Zanatho plus que ses bras encore était couvert de marques, de laides marques n'inspirant pas une impression de fierté pour le tauren, plutôt de la honte. Une des raison qui le forçait à se cacher dans cette armure, à ne pas montrer ce qui avait découlé de sa faiblesse.

Les marques de son échec.

Il avait vite reboutonné ce morceau de tissu fragile jusqu'au cou et s'était allongé.

Le guerrier avait tenté de l'attendre avant de s'endormir mais le sommeil avait prit le dessus. Le colosse s'assoupissait sur le lit, essayant de lutter contre cette odeur enivrante le faisant doucement sombrer.

Un sursaut, une pensée, ses yeux s'ouvrirent. Il voulu se lever mais stoppa immédiatement son geste, quelque chose était la, contre lui. Les heures étaient passées, il ne s'était même pas vraiment rendu compte qu'il s'était endormit. Musa était là assoupie tout contre lui. Il ne l’avait même pas entendue entrer, ni sentie quand elle s’était couchée.

Il resta la quelques minutes à fixer sa belle, son émeraude. Elle était si belle, il sentit tous ses poils s’hérisser dans un frisson. Non, il ne l’aimerait jamais comme Mallah, tout simplement parce qu’elle n’était pas et ne serait jamais elle. Il ne revivrai plus les même choses qu’avec l’orc, il en vivrait de nouvelles. Oui, il se rendait à présent compte que des choses qu’il n’avait pas pu comprendre avant lui étaient bien plus claires à présent.

Le monstre laissa glisser une larme qu'il n'essuya pas de peur de ne réveiller son ange. Elle était si gentille, magnifique, c'était incroyable. Il ne comprenait toujours pas ce qu'elle pouvait trouver à ce tas de muscles remplit de colère et couvert de marques horribles qu'il était devenu.
Finalement, Zanatho se dit qu'il n'y avait rien à comprendre, cela n'avait plus d'importance.

Il l'aimerait parce qu'elle était sa compagne maintenant, elle était sa nouvelle vie, sa faiblesse et sa force à la fois, ses espoirs...

Il avait passé toute la soirée et une partie de la nuit à discuter avec ses amis.

Parler de famille, de mariage, de tant de choses. Il soupçonnait Belletrogne de vouloir se marier avec Wicca prochainement mais finalement il ne semblait pas que cela soit pour tout de suite.

Son ami avait des problèmes, il devait les régler avant d'envisager de tels projets.

Mais cela avait fait germer de nouvelles idées dans la tête du mercenaire. Il ne s'était pas trop rendu compte de ce qu'il avait dit, mais aussi avait commencé a envisager son union avec sa belle. il avait même parler d'enfants.

Ses yeux s'étaient alors mis à briller.

oui... pourquoi pas finalement ?

Il y avait réfléchit toute la nuit, au matin, sa décision était prise. Musa était la seule chose qui comptait pour lui maintenant.

En avant guerrier ! qu'attendait-il ?

Le tauren avait fait nettoyer son plus beau costume, ensuite il avait été chercher le plus beau bouquet de fleur et enfin, la bague.

Elle était à présent devant lui, apparemment elle ne se rendait pas bien compte de ce qu'il avait derrière la tête. Mais alors que le guerrier faisait de son mieux pour réciter les quelques mots qu'il avait apprit par coeur, son visage s'était mit à changer, elle commençait à comprendre.

Il devait sortir la bague.

Dans sa poche... non pas celle-la, l'autre poche. Ses doigts saisirent la petite boite rouge.

Musa ne bougeait plus, comme figée, une drôle d'expression sur le visage.

Le doute l'envahit, c'était peut-être trop tôt, cela lui faisait peut-être peur de se lier ainsi avec un gars comme lui.

Il avait ouvert le petit réceptacle pourpre, il n'avait pas eu le temps finir sa phrase qu'elle s'était exclamée.

Il devait lui mettre au doigt et vite !

C'était fait, il y était arrivé...

Elle deviendrait bientôt sa femme.

Zanatho sentit quelque chose germer au fond de lui, quelque chose que rien ne pourrait jamais briser.

Comment en était-il arrivé là ?

Qu'avait-il manqué, qu'avait-il mal fait ?

Elle avait sortit ce miroir et avait alors disparue. Elle l'avait abandonné, il avait échoué. Elle avait encore fuit ce qui n'était qu'un monstre, un menteur. Du moins c'est ce qu'elle pensait. Pas de discussion, des reproches, sans cesse des reproches. Il n'avait rien fait pourtant, rien...

Il n'avait pas pu faire face à cette peine montant, montant comme un chariot dévalerait une colline. Il n'avait pas pu cacher ce qui se passait au fond de lui cette nuit la. Le visage fier, ses larmes n'avaient pu être retenues. Zanatho ne se souvenait plus depuis quand il n'avait pu lâcher sa peine de la sorte. Peut-être que la dernière fois se trouvait être le jour où Mallah s'en était allée, où elle aussi l'avait abandonné en se jetant du haut des cimes venteuses.

Plus rien ne le retenait à présent...

Alors qu'il rassemblait ses affaires, qu'il les fourraient dans un sac, il eu un dernier regard pour tout ce qui composait le bureau de Musa, cette odeur, cette atmosphère qu'il adorait tant. Elle avait voulu lui rendre la bague, il n’en avait pas voulu. Il ne pourrait plus jamais la regarder, non, il ne pourrait plus jamais oser la toucher. Devant sa tristesse, le tauren sortit de la pièce un sac sur le dos. Ses amis étaient là, ils essayaient de comprendre ce qu’il se passait. Mais le mercenaire n’avait plus envie d’expliquer, plus envie de parler, il aurait préféré que Musaranea lui perce le coeur d’une dague plutôt que de le laisser en vie. En vie, cela n’était plus vraiment le bon mot, il s’en irait bientôt où on ne le retrouverait plus jamais et ce n’était pas Belletrogne ou qui que ce soit qui l’en empêcherait.

Il jeta son sac par dessus le dos de son kodo et y grimpa. Ses amis recommencèrent à essayer de le faire changer d’avis, ils perdaient tous leur temps. Il commença à descendre la rue, ne sachant pas vraiment où il allait aller, probablement vers un champs de bataille, oui, une bataille, il rejoindrait ceux qu’il aimait.

Une piqûre, une légère douleur, Le kodo continua sa route encore quelque pas avant que son cavalier ne tombe de selle victime d’un anesthésiant puissant venu de l’arc de Belle.


Il ouvrit les yeux, son armure avait disparue, ses pieds et ses poings étaient liés. Devant ces personnes qu’il prenait pour des amis, il était à présent couché dans une pièce remplie de caisse, on le regardait comme un animal de foire. Ils ne voulaient pas le détacher, ils ne voulaient pas de libérer.

Alors que les autres semblaient se moquer de sa peine, se moquer de son honneur. Zanatho sentit quelque chose se faufiler dans sa tête.

Un grondement, tel un éclair prêt à bondir d’un nuage pour déchirer la nuit d’une explosion assourdissante, la rage commençait à monter en lui. Il ne pouvait lutter contre cette force, cette haine, cette colère déformant ses mots, déformant ses sentiments, transformant tous ceux qu’il appréciait en traîtres, transformant sa peine en insultes, laissant sortir toute la méchanceté que le guerrier peinait à contenir en lui parfois. Zanatho s’envolait peu à peu ayant l’impression de flotter hors de lui. L’inévitable venait de se produire, quelque chose qu’il redoutait par dessus tout.

Il venait de perdre tout contrôle...

Autrefois alors qu’il combattait parmi ses guerriers, son groupe de chasse, Zanatho n’avait pas besoin de contenir sa rage sanguinaire. Puis était arrivé Mallah et Kina, il avait du apprendre à être patient, à ne pas déchaîner le monstre qui dormait en lui, ce montre tuant femme et enfant, ne réfléchissant pas à ce qu’il devait faire, suivant sa haine et sa colère comme seul bonne solution comme seul bon jugement.

Le montre venait de se réveiller, ne comprenant pas ce qu’il faisait la. Alors, les vrais coupables s’étaient pressés autour de lui, les provocations, les insultes à son honneur. Mais il ne perdrait pas espoir non, ses vingt guerriers seraient bientôt ici à Ratchet, ce trou à rats puant ne contenant plus que des traîtres et des personnes travaillant à sa chute.

Cette gamine était venue le voir, Leera, bien vite il s’était souvenu, alors qu’il lui lâchait des insultes et des remarques des plus déplaisante, l’esprit du tauren se tordait de douleur essayant de reprendre le dessus. Essayant de chasser les idées meurtrières. La petite s’était mise à le gifler pensant arriver à le calmer comme ça. Mais ce n’était pas Zanatho qu’elle giflait, c’était quelqu’un d’autre. Elle ne faisait qu’affaiblir la volonté du mercenaire. La volonté de reprendre le dessus sur ce concentré de colère.

Il n’arrivait pas à remonter cette pente boueuse, s’enfonçant de plus en plus face au répliques des autres, s’enfonçant de plus en plus face à cette colère infinie ne cessant de se renforcer. Zanatho semblait vouloir luter contre une montagne.

La trolle avait glissé sa main dans la sienne, le provoquant, il avait alors prit la gamine en otage, criant qu’il briserait la main de la fillette si l’on ne coupait pas directement ses liens. Devant le fait accomplit que son corps ne déciderait pas de lâcher cette créature repoussante, c’est jeune fille qui avait consciemment oeuvré à détruire ses rêves. Le tauren rappela son esprit à l’ordre, ce n’était que Leera, elle n’avait rien fait, tout ça n’était pas de sa faute. Il arriva en fin en contenir une petite partie de la rage, empêchant la colère de véritablement briser les os fragile sous cette peau bleue. L’autre troll, un dénommé Kryack allait bientôt couper les cordes.

Traîtrise, il n’avait pas vu venir le troll, alors qu’il menaçait toujours de briser cette petite main, ce fourbe en avait profité pour le frapper avec quelque chose de dur, sonné il avait relâché sa prise. Il se trouvait a présent au même endroit qu’avant. Seul face à ces lâches, ces lâches qui comprendraient bientôt leur douleur quand la vengeance des gardiens des cimes s’abattrait sur eux.


Ses provocations avaient fonctionnées, ce fourbe à la peau bleue était partit chercher ses armes et son armure.

Puis cette Wicca était intervenue, une digne descendante de son peuple elle aussi, une lâche, sans honneur. Une dispute avait éclaté entre ces deux déchets mais les cordes avaient été coupées. Le tauren avait alors jeté sur son dos ses plaques, mis ses armes à la ceinture mais Kryack lui barrait encore la route.

Après quelques coups échangés, il était à présent à genoux devant lui, le tauren tenait sa hache au dessus de sa tête qu’il ne tarderait pas à descendre pour juger ce traître. Encore une fois l’esprit du tauren luta. Non, Kryack était un ami, il n’avait fait qu’aider le tauren, il voulait le protéger.

La hache filait vers la gorge du troll, au dernier moment dans un hurlement intérieur, Zanatho fit pivoter son arme, le plat de la lame heurta la tête du troll le mettant juste hors de combat.

Il continua sa route et sortit de l’entrepôt. Il alla chercher son kodo, arrivant devant ce bâtiment, une auberge, non un cabaret plutôt. Le vrai Zanatho au fond de ce tas de haine et colère essaya de s’accrocher à ce repaire, essayant de remonter, de reprendre la maîtrise de lui-même. C’était impossible.

Il partait enfin de cet endroit de malheur mais cette Wicca le provoquait encore, il devait lui donner une leçon. Le tauren tira sur les rênes et fit faire demi-tour à sa monture.

Il aurait mieux fait de partir... oui il aurait du se douter qu’elle ne se battrait pas à la loyal. Zanatho avait voulu repartir à nouveau voyant le nombres des traîtres augmenter, puis celui qu’il avait épargner, ce Kryack l’avait frapper dans le dos. Il avait sentit sa lame entrer. Puis un certain Neithan s‘en était mêlé aussi, puis, un autre tauren, Klow était son nom, lui aussi une honte pour son peuple tout comme Belletrogne.

Cette fois, les cordes avaient été remplacées par de lourdes chaînes, on l’avait traîné non plus dans l’entrepôt sentant la bête crevée mais dans l’auberge après avoir soigné sa blessure. Ce tauren avait ordonné qu’on le drogue. Ce Klow paierait lui aussi sa traîtrise quand le groupe de guerrier commandé par le fils Ragetotem arriverait à son secours. Et cela serait très bientôt.


Ses yeux s’ouvrirent, Belletrogne voulait encore lui faire avaler des bêtises, comme quoi sa Mallah et sa Kina étaient toutes deux mortes et enterrées. C’était impossible !

Sa femme et sa fille attendait le chef de chasse dans leur maison en Mulgore. Refusant de voir la vérité, le tauren avait continué toute la soirée à hurler vengeance et tenter de se libérer de ces maudites chaînes. Un des anneaux commençait à souffrir sous la force déployée.

Ses entraves ne tarderaient pas à céder, et quand cela arriverait, Ils paieraient tous !

Derrière cette marée d’insulte et de folie, l’esprit de Zanatho essayait toujours de se raccrocher à un visage, une voix pouvant lui servir de phare dans cette tempête de rage. Un phare qui l’aurait aidé à se diriger, à retrouver la route de la raison. Mais au fur et à mesure que le mal continuait de ressortir, sa volonté s’affaiblissait. Cela faisait maintenant trois jours qu’on le retenait. Autant de jour qu’il luttait pour ne pas sombrer à tout jamais. Ses forces s’amenuisaient tandis que celles de l’autre, du monstre, augmentaient d’heure en heure. Le tauren se battait dans un océan de colère, accroché à un radeau branlant. Tout comme les chaînes qui retenaient l‘autre, l’esprit contenant le meilleur du guerrier cèderait bientôt lui aussi.

La porte s'était soudainement ouverte. Un parfum de fleur que le tauren ne reconnaissait pas pénétra ses narines.

"Debout" Lui ordonna-t-elle.

Un voix familière pour le monstre qui dormait encore, mais pas assez pour lui donner l'envie d'obéir. Face à sa mauvais volonté elle avait été jusqu'a le gifler. Comment une faible dans son genre pouvait-elle oser toucher un guerrier de son rang.

Zanatho avait été pour le moins violent, crachant des insultes, des reproches sans fondement pour la plupart mais d'autres aussi que seul la colère lui permettait de dire.

Musa ne fléchissait pas du regard, elle restait droite, fier et tenait tête à tout ce qui pouvait sortir de la bouche de ce mercenaire qu'il était difficile de reconnaître. Après un duel d'injonctions et de réponses pour le moins animé, elle avait trouvé la clé. La clé qui permettrait au tauren de retrouvé son chemin, de revenir à lui.

Elle avait ôté sa bague de fiançailles de son doigt et l'avait agitée sous le nez du grincheux. Il avait mal réagit en se détournant brusquement ou plutôt bien réagit. Celui qui se tenait à présent en face de la taurène savait que cette bague représentait beaucoup pour lui mais la haine et l'amertume le poussait à le nier, la présentant comme un morceau de fer sans importance.

Ça, Musaranea semblait l'avoir comprit. Elle devait persévérer. Elle était alors allé chercher la tenue qu'elle prévoyait de mettre pour leur mariage, ils en avaient parlé il n'y avait pas si longtemps que ça. Sa compagne s'était changée devant lui sans qu'il ne sourcille d'un millimètre. Comme s'il s'agissait d'une chose totalement sans intérêt. Cependant quand elle s'était alors présentée proche de lui ainsi vêtue il avait pu à peine la regarder et son aperçus rapide n'avait donné qu'une critique méchante.

La jeune femme avait alors choisit de jouer sur la provocation tournant toujours autour de cette bague, le tauren y avait fait graver quelques mots. Elle voulait le forcer à les prononcer, il devait les savoir.

Zanatho n'était pas lui même pourtant il arrivait à se souvenir de la peine que Musa lui avait infligé quelques jours avant. Même s'il était trop en colère pour véritablement reconnaître celle qu'il avait en face de lui cela ne l'empêchait pourtant pas de lui lancer des reproches sur ce qui s'était passé. Preuve que le tauren mélangeait complètement les faits anciens avec ceux du présent.

S'il savait reprocher à sa futur femme de l'avoir laissé tombé, il saurait aussi lui citer la phrase gravée dans l'anneau.

Toujours accroché au fond de ce bourbier le vrai Zanatho, son esprit, se cramponnait durement à l'image lointaine de Musa qui lui parvenait. Il se sentait de mieux en mieux, bientôt, oui, bientôt il prendrait le dessus sur sa colère.

La taurène continuait la provocation. Comment un aussi grand guerrier pouvait avoir peur de citer quelques mots ? C'était ridicule. Le jeux fonctionnait à merveille. Plus le chef de chasse montait en colère face à sa peur et plus Zanatho remontait la pente. Il sentit ses doigts picoter, le parfum, oui ce parfum de celle qu'il chérissait tant.

A chaque mot qu'elle prononçait, chaque regard lancé à sa compagne, il devenait plus fort. Il parvint enfin à ouvrir la bouche, sa bouche.

"grâce à toi je..."

Le tauren se battait à l'intérieur de lui contre cette colère qui lui hurlait de ne pas fléchir, de tenir bon, qu'il devait envoyer valser cette femme qui n'avait pas hésité à l'abandonner, qui ne le croyait pas plus qu'elle croirait un étranger. Zanatho faiblit, il se sentait replonger.

Non il ne devait pas retomber, il devait s'accrocher à quelque chose !

Il réussit à puiser dans les dernières forces qu'il lui restait et leva les yeux pour trouver ceux de sa compagne. Une fois qu'il il fut arrimé, il s'y cramponna comme on se serait cramponné à une corde, une corde l'appelant. Une corde dont le regard lui hurlait de revenir, qui lui demandait encore de citer ces quelques mots.

"Grâce à toi je revis"

Zanatho revint à lui dans une explosion de sensations. De la joie, de la tristesse, le chaud et le froid. La douleur aussi, il avait prit quelques coups dans l'histoire et une cicatrice de plus. La colère s'estompait.

Alors qu'il revenait à lui ses idées de sang, de vengeance disparurent. Non ce n'était pas une étrangère, qui était devant lui...

Ses yeux, ces tresses, Musa...

C'était Musa... sa si belle Musa...

La respiration est lente et profonde. On devine une faiblesse, une fin qui s’annonce.

Le vieux guerrier est allongé dans une couche presque trop petite pour lui, son poil noir grisonnant par endroit est lacéré, porte des marques. Certaines récentes d’autres plus vieilles ne sont plus que des traits de peau nues au milieu du pelage.

Son torse vas et vient au long des inspirations, des expirations longues et douloureuses.

Une ombre vient d’apparaître à la porte, ses yeux à moitié fermés fixent cette forme massive qui vient de se créer en contre-jour.

Il tousse, tente de se redresser mais la pointe de douleur le ramène à la raison. Un jeune voix retentit.

« Ne bouges pas père, tu es trop fatigué. »

Après s’être laissé retomber sur son coussin de paille, le vieux peste. Le jeune s’approche, il ne comprend pas pourquoi son père est allongé la. Il ne comprend pas comment un guerrier de sa taille à pu être blessé aussi gravement.

Le vieux lui, comprend. Il comprends que l’age est la, il comprend qu’avec trente années de moins, il aurait vu arriver ce centaure dans son dos. Il aurait parer ce coup de lance. Il n’aurait pas eu à mettre genoux au sol.

« Zanatho, mon fils… »

Le jeune ne respire plus, il écoute le vieux, comme il l’a toujours fait.

« Tu as grandis… tellement grandis. Je ne reconnais pas l’enfant que je portais sur mon épaule il y a quelques années.

Zanatho… »

Le regard du vieux se trouble. Le jeune commence à comprendre, mais il reste fort. Il reste droit, il ne veut pas faiblir, il ne peut pas.

« Mon fils, il est venu le temps pour toi de prendre les armes. Tu dois accomplir ta destinée. La tradition guerrière de notre famille…

…Tu dois…

Ta mère mon fils, protèges ta mère et protèges notre clan. C’est ton devoir.

Zanatho Ragetotem, je te demande de continuer… là où j’ai faillis…

-Non père, tu vas…

JE TE DEMANDE… de continuer…

Ton sang, ton sang t’aidera, je t’ai donné la force de résister. Nous t’avons donné… »

Le vieux tousse, il n’arrive plus à reprendre son souffle. Son regard se pose sur une armure de plaques sombres posée à coté du lit. Il pose ensuite ses yeux sur le jeune. Celui-ci acquiesce.

« Elle est à toi à présent, portes la, promets moi de la porter comme je l’ai fais. De l’honorer comme je l’ai fais. J’espère qu’elle te donnera meilleure protection qu’elle ne l’a fait pour moi. »

Le jeune tente de retenir ce qui veut sortir de ces yeux, ces petite gouttes humides qu’il n’avait pas problème à laisser sortir étant petit. Mais aujourd’hui est venu le temps de ne plus faiblir, de montrer a son père quel tauren il est devenu, quel guerrier il sera.
« Je la porterai père, je t’en fais la promesse. J’honorerai notre clan, je protégerai mère et je… »

Le jeune serre les dents, ses joues s’inondent, le vieux le regarde. Aucunes marques de reproches sur son visage, rien ne transparaît plus de ces yeux semblant fixer quelque chose au loin. Quelque chose que le jeune ne peut pas voir.

« Zanatho… mon fils… j‘aurais tant voulu dire…»

Dans un dernier souffle, le vieux s’éteint, il ne bouge plus, il continue de fixer cette chose au loin.

Le jeune se lève, il fixe quelques instants son père, puis l’armure.

« Au diable le reste, tu seras fier de moi père… »

Lorsque Zanatho activa la pierre de foyer qui le téléporterait non loin du camp de base, il regretta que la seule qui comptait vraiment pour lui ne soit pas présente. Au fond de lui il savait quelle épreuve cela aurait été pour elle et pour lui aussi. Peut-être était-ce mieux comme ça en fin de compte.

Le tauren apparu au point de rencontre qui avait été définit par les chefs de chasses mais arrivé la bas, il se rendit compte que la tâche serait sans doute plus dure que ce qu'il n'avait bien voulu faire entendre à ses proches.

Les centaures étaient tout comme les taurens versés dans la guerre depuis des siècles et ils disposaient d'après les estimations de forces assez puissante. Zanatho avait pensé pouvoir bénéficier du nombre, cela ne serait pas le cas. On était bien loin du nombres de guerriers annoncé et les seuls présents étaient tous trop vieux ou pas assez.

La grande horde n'avait sans doute pas voulu se défaire de ses meilleurs éléments pour un projet personnel de Cairne ou peut-être étaient-ce ses supérieurs qui ne réalisaient pas le danger qui se dressait face à eux. Il ne pouvait plus faire marche arrière, trop tard. Zanatho se présenta à la hutte de commandement ou l'attendait des gens qui pour la plupart ne le reconnaissaient pas. Des gens avec qui il avait grandit, d'autres parfaitement inconnus.

Certains yeux le fixèrent alors d'une expression de mépris. "C'est le traître, le lâche" pouvait-on lire sur leurs visages aigris par le fait que Cairne en personne demande l'aide à ce qui n'était rien qu'un moins que rien à leurs yeux. Le guerrier s'en doutait un peu quand il avait accepté. Il en baverait peut-être plus parmi les siens que face à ces maudits centaures.

Dans le lot, deux visages souriants, deux amis de longue date. Sark du clan Ragetotem et Kary du clan Thunderhorn, tout deux devenus de grands combattants, enseignant aux autres et se battant pour leur peuple tout comme Zanatho. Le Visage du tauren se décrispa légèrement à la vue des deux visages, il les salua d'un signe de tête.

"Zanatho Ragetotem, prêt à combattre pour Cairne et prêt à mourir s'il le faut !"

Zanatho se demanda comment avait-il pu dire ça. Non il l'avait promis cela n'arrivait pas.

"Ragetotem ?
Comment oses tu encore te présenter avec le nom de notre clan. Tu n'es pl...
-Silence Torm !"

Sark venait de couper la parole à un autre tauren proche de lui. Celui-ci baissa la tête et fit des excuses à son chef.

"Si il est ici à présent ce n'est pas pour recevoir des reproches et encore moins venant de nous. Zanatho est présent aujourd'hui pour se battre et en tant que guerriers nous lui devons le respect !"

Le tauren agressif continua de marmonner quelques mots puis finit par se taire enfin. Comprenant qu'il n'était clairement pas le bienvenu pour nombres des personnes présentes, Zanatho se mit au garde a vous et frappa du poing sur son plastron. Il fit ensuite volte face et sortit de la hutte.

Alors qu'il venait à peine de sortir de la tante, on entendit une discussion de vive voix éclater à l'intérieur.

Le guerrier s'assit non loin de la sur une vieille souche et regarda au loin les longues bandes de fumées s'élevant au dessus de ce qui devait être les campements Kolkars.

Une main se posa délicatement sur son épaule.

"Ne fais pas attention à tout ce qu'ils disent ou diront durant ces quelques semaines. De grands reproches pour de petits cerveaux."

La taurène à la voix douce ricana doucement puis vint s'assoire à coté de Zanatho, le poussant un peu pour trouver place sur la souche.

"Sark et moi sommes plus qu' heureux de te revoir. Nous te croyions mort et quand nous avons apprit du chef que tu te joignais aux bataillons ici, nous nous sommes portés volontaires immédiatement. J'étais impatiente de te revoir mon... ami.

Zanatho resta silencieux, fixant les fumées.

Tu as beaucoup changé depuis la dernière fois que nous nous sommes vus toi et moi. tu étais moins grand... et moins silencieux également..."

La taurène soupira et regarda elle aussi les fumées.

-Permission de parler ?
Passes toi donc de ces demandes inutiles avec moi et exprimes toi.
-Que fait Torm ici ?
Tu le connais, quand il à apprit lui aussi que tu viendrais, il s'est porté volontaire également. Il t'as toujours envié, toujours voulu être meilleur que toi. S'il n'était pas venu il aurait fait moins bien qu'un traître. Son ego ne le supporterait pas. Et puis, votre dernière rencontre l'a clairement humilié devant tout le clan. Il t'en voudra à jamais je pense."

Elle ricana.

"Enfin, un traître... tu sais...
-Ne t'en fait pas pour ça, je suis habitué à présent.
De toute façon tu n'as fais de mal à personne et on sait bien toi et moi que Torm n'est qu'un parvenu doublé d'un idiot ne sachant même pas se battre. Je lui mettais déjà des corrections quand nous étions enfants. tu te souviens ?"

La taurène saisit le bras du guerrier. Il se figea.

"Hin, tu te souviens n'est-ce pas ? Les baignades dans le lac, les courses poursuites dans le Mulgore. La chasse au chiens de prairies !
Ho, oui tu te souviens des chasses hin ?!

Elle tortilla son doigt dans une des tresses du tauren et s'approcha doucement.

-Ne fais pas ça...
Ne fais pas quoi ?
-ce que tu fais là...

Zanatho dégagea son bras.

"... Je croyais que tu serais heureux de me revoir...
-Ne te méprends pas. Te revoir me fait grand plaisir mais j'ai quelqu'un qui m'attend à présent.
une... une compagne ?
-Plus que ça, on va se marier à mon retour.

Kary eu un effet de recul.

Une orc encore ?
-Taurène...
Ha... mais tu avais dis que tu ne prendrais plus de compagne... non ?
-Comme tu le fais si bien remarquer, les choses changent.
Oui je sais mais..."

La taurène resta sans rien dire durant plusieurs secondes.

"Plus belle que moi ?
-Kary... Ne commences pas veux-tu...
Ben quoi ? J'aimerai savoir qui à bien pu me voler une deuxième fois celui qui m'avait été promit.
-Tu sais bien autant que moi que ce n'est pas possible.
Tu n'avais pas trop l'air de penser ça quand...
-C'est tout à présent. Le temps a passé.
Très bien, très bien..."

Elle s' écarta un peu plus encore, manqua de tomber puis se leva et fit quelques pas en avant.

"Pour quand est prévue l'attaque ?
-Demandes à Sark, je n'en sais rien moi.
Comme tu voudras...
-...Pour après demain... Nous ne sommes pas encore assez nombreux.
J'espère seulement que ce sera de vrais combattants qui arriveront. Cela ne sera pas une promenade de santé.
- Ne t'inquiètes pas Sark à tout prévu, il planifie depuis des jours les tactiques d'attaques.
Bien..."

La taurène se retourna et regarda Zanatho.

"Tu as vraiment changé mais je suis tout de même heureuse de te revoir.
-Moi aussi soeurette... moi aussi.

La chasseuse sourit un court instant à l'écoute de ce surnom qu'il lui donnait autre fois.

Avec toi avec nous nous serons mieux préparés que jamais.
-Les préparations et les plans ne survivent jamais très longtemps au contact de l'ennemi, tu devrais le savoir...

Elle soupira.

Si tu... ma hutte se trouve par la bas... celle en peau de kodo de couleur grise à droite. Tu veux venir t'y reposer un peu ?
-Non merci, je vais rester la. Je dois réfléchir à après demain.
Tu sais que les préparations et les plans...
-Kary...
Très bien, très bien, je m'en vais... Tu sais ou tu peux me trouver hin ?
-La grise à droite la bas. Oui...
A plus tard alors...
-A plus tard."

Kary n'avait pas changée d'un poil. La jeune fille au pelage doux et luisant était aujourd'hui une chasseuses accomplie en plus d'être devenue très attirante.

Zanatho se rappela quelques souvenirs agréables mais bien vite ceux-ci firent place à d'autres où se rencontraient le bruit de chocs métalliques, de cris et d'odeur de brûlé.

L'heure approchait, il récupérerait son honneur et son clan serait à nouveau fier de lui. Son père aussi.

Un long ruissellement d’eau chatouille les oreilles des trois enfants. L’un est dans son coin tout seul, s’amusant dans l’eau. Les deux autres jouent à qui traversera le plus vite le petit lac d’un coté à l’autre.

L’air est doux, un été dans le soleil peine à percer les forets entourant le point d’eau. Le calme, le silence… si l’ont met à part les cris et les rires.

« Allez Zanatho, viens ! Fais pas ton boudeur dans ton coin !
-C’est vrai, Kary à raison, viens t’amuser avec nous, je parie que je te bat en vitesse !
--Je vous ai dis que j’aime pas nager…
Allez voyons… ou je raconterais aux autres que t’as peur !
-Zanatho il a peur, il a peur, il a peur !
--Tais toi Sark ou je te fais couler !
-Et comment tu le feras de ton bord à faire barboter tes sabots de trouillard ?
--Il faudra bien que tu sortes de l’eau un jour et tu sais comme moi que sur terre, c’est moi le plus rapide.
-Pff tricheur.
Laisses le Sark… c’est pas grave s’il n’est pas courageux. Tu sais, les petits enfants ont souvent peur de l’eau. Faut pas lui en vouloir…
--Les petits enfants ?! Je suis pas petit !
Si tu es un petit peureux… mais c’est pas grave tu sais, on t’aime tout de même…
--C’est pas vrai !
Ça me fait penser que la coutume veut que les filles donnent un baiser au courageux combattants. Ma mère le fait toujours quand mon père revient d’une bataille.
-ha… bon t’es sûre ?
Mais oui.
-Ça veut dire que « moi » j’ai droit à un bisou ?
Oui toi seul hin, les petits n’y ont pas droit. »

Alors que la fillette s’approche de son ami qui lui-même n’est pas plus rassuré que ça, on peut entendre des bruits de pas. Une foulée lourde et rapide à la fois.

« Force et honneur haha ! »

Zanatho déboucha soudainement des bois. Il prit appui sur un vieux tronc d’arbre et fit un bon remarquable pour terminer sa course dans l’eau.

Ensuite, le noir, le noir complet. Zanatho sentait son corps s'enfoncer dans l'ombre la sensation de l'eau toujours présente.

Un cri, un appel, une voix familière.

"Debout ! Debout !"

Comme aspirer par on se sait quelle force, il remonte. Vite, très vite, la surface de l'eau apparaît.

"Zanatho réveilles toi !"

Le tauren se redressa soudainement faisant tomber ce qui lui servait de couverture. Il secoua la tête comme pour chasser l'eau, s'ébrouer. Devant lui se tenait Kary. Elle portait son armure, ses armes étaient sorties de leurs fourreaux.

"Dépêches toi allez, debout ! Nous sommes attaqués !"

"Attaqués" Le sang du mercenaire ne fit q'un tour, en moins de temps qu'il fallu pour le dire, son plastron tombait sur le pelage foncé, les gants étaient enfilés, les haches sorties. Dehors on pouvait deviner que le combat faisait rage. La tante étaient teintée de couleur orangées elles mêmes taillées d'ombres s'entrechoquant.

"Les centaures n'ont pas attendu que le reste de nos troupes soient la. On résiste mais cela sera dur. beaucoup ont étés surpris dans leurs sommeil."

La taurène écarta un peu la toile servant de porte à la hutte puis la referma directement.

"Deux à droite, trois à gauche. Prêt ?
-C'est partit..."

Le tauren balança sa hache au sol. La panique dans le regard, ça crie, ça ordonne. Zanatho aida alors à porter la blessée dans la hutte non loin, une de rares encore debout.

"De la place bon sang, de la place !
-Un druide !"

Un personnage effilé apparu alors dans ce qui devait être l'entrée. Un long manteau sur le dos, un bâton tordu à la main. Il avança d'un pas léger et serein, faisant voler les plumes accrochées à son plastron de cuir travaillé. Il avait deviné, semblait se diriger comme s'il savait déjà ce qu'il avait à faire.

La taurène allongée l'observa, affolés. Un plaie béante au ventre l'avait jetée à terre peu avant la retraite des centaures. Une chance sans laquelle elle aurait périt comme tant d'autres.

Zanatho était là, fixait la plaie puis les mains du druide dont une aura verdâtre émanait en direction de la blessée.

La blessure se referma doucement alors que le druide répétait son incantation jusqu'a ce que le trou ensanglanté ne disparaisse totalement. La druide tendit la main vers la visage de la guerrière. Celle-ci se calma doucement, ses yeux se fermèrent finalement.

"Demain elle sera sur pieds."

Le druide disparu comme il était arrivé laissant autour de lui une odeur aromatisée. Il avait encore beaucoup de travail comme le reste de ses confrères. La bataille avait duré une éternité et malgré la poignée de taurens présent, les centaures avaient étés repoussés.

Kary allait bien, elle se tenait encore et toujours à coté du guerrier. Ils avaient combattu en duo et bon nombres d'ennemis étaient tombés face au couple, lui au corps à corps, elle à son arc.

Zanatho avait été plus dérangé qu'autre chose au début en pensant qu'il devrait la défendre, la protéger mais c'était loin d'être nécessaire. Pire, elle veillait sur lui plus que lui de le faisait sur elle. Répondant aux boutades des autres, protégeant ses arrières. En fait Kary n'avait pas changée d'un poil. Aussi loin que le mercenaire se souvienne, la taurène avait toujours été à coté de lui, ne l'avait jamais laissé vraiment sur le coté.

Appuyé contre un arbre, le tauren observait ceux qui s'activaient dans le camps, On redressait ce qui pouvait l'être, réparait ce qui était possible de réparer. La chasseuse était assise à coté du colosse jouant avec un brin d'herbe séché. On pouvait toujours entendre crier Sark, ordonnant aux dernières troupes restantes de renforcer tel ou tel point, de consolider, de monter des barricades. Un que Zanatho aurait préféré de plus entendre était Torm. Beuglant comme un animal sur des combattants trop jeunes et trop inexpérimentés pour comprendre quoi que ce soit de ce qu'il disait. Parler de tactiques de guerres à des personnes à peine sorties de l'école martiale était comme parler de l'orc face à un humain. On ne comprend rien et on se contente d'acquiescer. Mais là, Torm venait d'empoigner un des jeunes et ne semblait pas avoir envie de le lâcher.

Zanatho laissa sortir un soupir en voyant que personne n'osait prendre partit pour le jeune tauren. Il hésita puis finalement se mit en route vers les deux. Kary tenta de le retenir mais elle lâcha finalement prise et resta assise. Devant lui, un hurlait toujours, l'autre ne bougeait pas, sans doute trop fatigué et toujours choqué par ce qui devait être probablement sa première bataille.

"...Tu comprendras sale petit merdeux que quand un chef de chasse te donne un ordre, tu obéis !
-En parlant de merdeux, ça va Torm, rien de cassé ?"

Le tauren tourna la tête vers Zanatho qui le dépassait d'une tête.

"Et toi le lâche ? Tu n'es pas encore partis en courant comme tu as l'habitudes de faire ? Qu'est-ce que tu veux ?
-Je veux que tu lâches prise. Ce groupe était dans la brèche avec moi ils n'ont pas besoin de supporter tes colères. Les centaures suffisent....
-Mes colères ? S'ils avaient écouté ce que je leur criais on les aurait repoussé dès les premières minutes !
Si tu bougeais ton cul des lignes arrières et que tu venais te battre avec eux, peut-être entendraient-ils tes ordres ! Tu crois pas ? T'as peur de te fendre un sabot mon petit ?"

Le coléreux fixa Zanatho ne sachant pas quoi répondre face à ce qui était effectivement la réalité. Les armes de Torm n'avaient même pas étés sorties de leurs étuis. Il était resté tout le long des combats loin de ceux-ci criant des ordres, faisant semblant de comprendre ce qui se passait. Il finit tout de même par lâcher prise et s'approcha doucement du mercenaire.

"Tu crois que ton "retour" parmi nous va changer quelque chose ? Tu n'es plus un guerrier et encore moins un Ragetotem. Tu n'es qu'un déserteur. Ton père aurait honte de toi."

Le visage du tauren en armure sombre changea soudainement après les quelques mots qui clôturèrent les insultes de l'autre. Sa main saisit sa seule hache restante. Torm aussi avait soudainement changé de tête. Ce n'était plus de la haine mais un soupçon de peur qui marquait à présent sa face.

"Ouvres encore ta bouche une seule fois à propos de mon père et tu ne rentreras jamais en Mulgore. T'as compris ?
-Des... des menaces ? Là tu viens de faire... une grosse erreur.
Tu veux qu'on règle ça entre nous ?
-T'as de la chance que... je dois organiser notre défense.
Ouais... fais donc ce que tu sais si bien faire... "organiser". Que je ne te revois plus à emmerder les bleus ou t'auras affaire à moi."

Torm tourna des talons sans rien dire et s'en alla en pestant.

Le jeune tauren regardait le mercenaire. Une expression de reconnaissance sur le visage.

"J'ai cru qu'il allait me cogner.
-T'en fais pas pour ça gamin. Même avec une arme, ce que t'aurais à craindre de celui-la c'est qu'il se fasse mal tout seul."

Le groupes de novices éclata de rire. Zanatho sourit légèrement d'autant plus qu'au loin Torm s'énervait encore plus dans son coin en entendant les rires.

Une jeune femme prit la parole.

"C'est quoi votre nom Chef ?
-Zanatho... et évitez de m'appeler comme ça.
Bien chef... euh pardon.
-Je vous ai vu vous battre tout à l'heure. Un bon groupe que vous avez là. Continuez comme ça les jeunes et on oubliera jamais vos noms."

Il toisa chacun des membres du cercle formé autour du feu. S'arrêta sur un ou l'autre, leur faisant des remarques sur le façon de bouger, de tenir son arme. Le temps passa avant que Zanatho ne remarque finalement que ses petites remarques s'étaient peu à peu transformées en un cours détaillé sur les techniques de combat ancestrales, un vestige de sa propre éducation militaire. Il finit par souffler et voyant le soleil se coucher clôtura le sujet.

Le tauren finit par laisser le groupe et retourna au près de Kary qui le regardait revenir d'une façon étrange, amusée.

"Alors le méchant au grand coeur... On donne des cours maintenant ?
-Commences pas...
Non mais c'est attendrissant de te voir prendre soin comme ça des jeunes.
-Je ne prends pas soin d'eux voyons... Je ne fais que les aider à s'en sortir.
On s'est prit une belle raclée cette nuit et je suis surprise qu'ils soient toujours la.
-Oui, le combat sera rude mais d'après Sark, les troupes qu'on attendait arriveront demain.
De quoi remonter un peu le moral de tout le monde.
-Sauf si Torm se met encore à gueuler sur tout le monde. Je le hais.
Tu as réussis à garder ton calme toi. S'il avait parlé de mes parents comme il l'a fait avec ton père, je me serait servit de lui comme cible d'entraînement.
-Il n'a pas perdu ses parents lui, il ne peut pas comprendre.
Une chose est sûre en tout cas ceux qui sont la haut ne peuvent qu' êtres fiers de nous qui nous battons comme eux l'ont fait avant.
-Tu as sans doute raison...
Bien sûr que j'ai raison haha !
-Bon je te laisse je suis de garde cette nuit.
Je... ben je suis garde aussi tiens !
-...à nos postes dans ce cas.
A vos ordres chef !
-M' appelles pas comme ça !
Très bien chef !"

Zanatho grogna tandis que Kary et lui prenaient tous deux la route de la barricade. Avec la taurène et son humour, la nuit risquait d'être longue. Mais pas aussi longue qu'il l'aurait voulu si Musaranea avait été à sa place. Il ne cessait de lire et relire cette lettre qu'un gobelin lui avait apporté. Quelques mots de sa douce qui commençaient à disparaître sous les taches de boues mais aussi sans doute face aux pliages et dépliages incessants que le papier subissait.

Il rentrerait bientôt...

Zanatho était partit comme il était venu, il avait attendu trois jours.

Minutes après minutes à guetter sa belle, une silouhette familière.

Les fêtes étaient passées et son espoir de la voir avec. Elle n'avait surement pas eu ses lettres, non il devait y avoir eu un problème quelque part.

Et si elle n'avait pas eu envie de le voir ?

Et si elle n'était pas venu le voir pour ne pas risquer de le voir repartir ?

Une simple lettre aurait suffit alors, quelques mots sur un morceau de papier pour ne pas le forcer à l'attendre.

Mais rien n'était arrivé.

Zanatho était de retour en désolace et même si on lui reprocha d'avoir un jour de retard il ne releva pas le mot et se contenta de rentrer dans les rangs.

Kary était toujours la elle aussi. Elle l'avait attendu tout le long. De l'entrée de sa tante elle le regardait revenir vétue d'une robe traditionnelle. Sans vraiment savoir pourquoi Zanatho se dirigea vers la hutte en peau de kodo grise. Arrivé à l'entrée de la baraque il resta là, regardant le seuil.

La taurène ne comprenait pas pourquoi son ami d'enfance était dans cet état. Quelque chose avait dut arriver. Elle tenta comme à son habitude un geste et s'attendit alors qu'elle enlaçait le brave à etre repousée comme d'habitude.

Mais cela n'arriva pas.

Alors qu'elle se demandait ce qui arrivait elle sentit l'étreinte de deux bras se resserrer. Zanatho le regard perdu dans le vide regardait toujours le sol, la taurène dans ses bras.

Qu'était-il en train de faire ?

Zanatho entra lentement alors que Kary le tirait à l'intérieur.

Qu'était-elle en train de faire ?

Doucement l'étreinte se transforma en quelque chose de différent. Le guerrier ne voulait pas non. Il ne la voulait pas elle mais une autre qui semblait se moquer de lui. Jouait à rester loin, à l'éviter alors qu'il avait besoin d'elle plus que toute autre chose.

Le Sac de Zanatho tomba au sol. Dans un geste doux Kary venait de s'approcher pour tenter un baiser. La guerrier ne bougait pas le regard vide alors que les lèvres de celle qu'il connaissait presque trop bien se collaient aux siennes.

Hors de la hutte la seul chose que l'on pourrait voir quelques secondes plus tard était la chasseuse venant abaisser la peau qui servait de fermeture à la hutte.

Zanatho n'en sortirait qu'au petit matin.

Mais qu'était-il en train de faire ?

Un long baiser venait de prendre fin et le tauren se rendit compte alors que ce n'était pas ces lèvres qu'il voulait.

"Kary...arrètes..."

Elle, ne l'entendait plus. Des mois, des années étaient passées depuis sa plus tendre enfance. Le regarder sans pouvoir oser quoi que ce soit. A guetter une faiblesse qui lui aurait donné un prétexte pour venir près de lui.

Le grand frère s'était peu à peu transformé en quelque chose d'autre qu'un simple protecteur. Son regard avait changé. Elle s'était mise à feinter la douleur ou la peur pour le simple plaisir de le voir approcher l'air inquiet. Ses joues se mettaient à rougir alors qu'elle peinait à lui parler à présent.

Mais ses voeux s'étaient envolés au fil du temps alors que la distance les éloignait, les obligations. Ensuite était arrivée cette orc. La taurène avait sentit son coeur s'effriter doucement alors que la peau verte était dans ses bras.

Lui n'avait jamais rien vu. Enfin c'est ce qu'il s'était borné à dire.

Elle, n'avait pour seul compagnie que sa tristesse et cette jalousie de ne pas être à sa place.

La jalousie était devenue haine. Haine de s'être fait volé ce qui lui appartenait de droit. Elle ne pourrait pas supporter ça non. Des pensées avaient germé dans sa tête. Des pensée visant à effacer les deux obstacles comme on effacerait des traces dans le sable. Elle l'aurait pour elle seule et ces deux intruses ne la gêneraient pas.

Kary avait été à deux doigts de commanditer quelque chose, les faire tuer. Mais le destin fait parfois bien les choses. Elle n'aurait pas à se salir les mains, d'autres le feraient sans même se rendre compte du service qu'ils lui rendait.

Il avait ensuite disparu mais elle était sûre qu'un jour il reviendrait près d'elle oui près d'elle parce qu’ après tout il ne pourrait faire autrement. Il lui appartiendrait !

Zanatho repoussa doucement Kary dans un geste néanmoins ferme.

"Non, il ne faut pas. Ce n'est pas bien.
-Ne dis pas de bêtises, ça ne peut pas faire de mal...
Je t'ai dis non."

La guerrier venait une fois de plus de lui glisser entre les doigts. Elle ne le supporterait plus.

"Tu ne peux pas me faire ça ! Non, pas a moi !
-...Calmes toi...
Des années, des années que je suis à tes pieds et tu refuses ?!"

Le guerrier restait sans voix, il savait sa faute mais ne comprenait pas la réaction.

"Tu peux pas me faire ça Zanatho !"

La taurène se dirigea vers l'entrée puis abaissa la peau qui servait de fermeture. Lui restait la figé, se demandant où était passée son amie d'enfance. Ce n'était pas normal.

"Kary... je m'excuse. Je n'aurais pas du revenir ici...
-Non, ne t'en vas pas !"

La chasseuse fixait le tauren une expression de panique sur le visage. Peur de le revoir disparaître à nouveau.

"ne t'en vas pas..."

Elle finit par tomber à genoux, fondant en larmes. Mais les choses avaient changées. Il ne viendrait pas la relever cette fois.

Le tauren souffla.

"Kary, relèves toi tu veux... Nous ne sommes plus des enfants.
-Plus des enfants..."

La taurène finit par se redresser, essuyant ses larmes. Elle jeta un regard presque haineux vers lui puis se dirigea vers sa chambre plus à l'arrière de la tante dont elle ferma l'entrée derrière elle.

Le guerrier S'assit sur une chaise et tenta de comprendre ce qui s'était passé. Il avait encore fait de la peine autour de lui mais il préférait ça plutôt que de trahir Musa. Elle ne le méritait pas.

Il n'était pas faible à ce point. Il lui avait promit. Il tiendrait bon. Il resta la sans rien faire réfléchissant a une multitude de choses.

La nuit passerait sans qu'il ne ferme l'oeil. Le lendemain il sortirait au petites lueurs pour rejoindre les rangs. Il finirait cette guerre et rentrerait chez lui sans se retourner.

Zanatho ne savait plus trop comment tout s'était déroulé. Musaranea était apparue au camp de base. Elle lui avait brisé le coeur en lui apprenant la perte de son bébé. Une fleche que Zanatho aurait pu tirer lui même sans rien changer dans le coeur se sa compagne.

Il était rentré puis avait voulu repartir. Il était resté pour à nouveau vouloir repartir. En fin de compte il était toujours là.

Musa était effondrée et il ne pouvait pas la laisser comme ça.

En rentrant sans aucune permission il était en train de sceller quelque chose que sa compagne ne comprenait pas. Il savait que cela serait dur à présent de regarder sa compagne dans les yeux sans voir ce qu'elle lui avait volé. Une part de lui que surement il ne retrouverait jamais. Faisant grandir une amertume et un dégout qu'il savait être égoïstes.

Pour le moment il devait mettre ça de coté et s'occuper d'elle. Quand elle irait mieux, peut-etre comprendrait-elle qu'il devrait quoi qu'il arrive y retourner.

Pour des raisons qui lui échaperaient. Parcequ'il avait fait une promesse à un mourant.

Les tambours de guerre raisonnait toujours dans les oreilles du guerrier. Il saurait que Musa lui en voudrait comme elle le faisait déja malgrè son sourire retrouvé. Mais personne ne pourrait plus l'empécher cette fois.

Le jour d'avant, il avait retrouvé sa compagne, elle avait chassé toutes les idées de sa tête alors qu'elle le serrait contre elle. Qu'il pouvait enfin la toucher, la regarder et sentir son parfum comme il l'aurait fait avant. Mais le guerrier savait que rien ne serait plus comme avant et que quoi qu'il arrive il ne sortirait pas gagnant.

Dès que Musa irait mieux il trouverait le moyen de repartir et quand il serait là bas il montrerait à Cairne et à son père quel guerrier il était. Un guerrier digne et non un déserteur.

Un fils Ragetotem !!